Vladimir Poutine s’est lancé dans son aventureuse campagne d’Ukraine en 2022 sans avoir bien anticipé où il mettait les pieds. Deux ans de durs combats, d’humiliants revers à Kiev et à Kharkiv, quelques succès chèrement payés à Marioupol ou Bakhmout, l’isolement international du pays, son basculement en économie de guerre, la perte de quelque 300 000 hommes au front et la fuite de 800 000 autres à l’étranger, tel est le bilan déjà coûteux de sa témérité.
Pourtant, le chef du Kremlin entend consolider ses acquis en 2024, après avoir poussé les Ukrainiens et leurs alliés occidentaux aux limites de leurs forces. Le paradoxe est que son erreur de jugement sur le vassal prêt à tomber dans sa besace a précipité le recentrage de ses priorités sur ce qu’il voit comme sa mission historique: rendre à la Russie son statut de grande puissance - fût-ce par sa capacité de nuisance -, rompre avec un Occident aux valeurs délétères, contribuer à un désordre international effaçant les catégories de bons et…