La tension s’accroît entre la Russie et la France, alors que les États-Unis poursuivent un lâchage en direct de leur allié ukrainien face à Moscou. Un avion de chasse SU-35 a «adopté un comportement dangereux à l’égard d’un drone Reaper français, en mission de surveillance dans l’espace aérien international au-dessus de la Méditerranée orientale» ce dimanche, a informé Sébastien Lecornu sur X. L’appareil russe a effectué «trois passages successifs à grande proximité» de l’engin volant français.
Un mouvement périlleux car il aurait «pu entraîner la perte de contrôle du drone». Ils attestent d’une «volonté de restreindre la libre circulation aérienne dans les espaces communs. Une action intentionnelle, non-professionnelle et agressive qui n’est pas acceptable», a estimé le ministre. «La France continuera d’agir pour défendre la liberté de navigation dans les espaces aériens et maritimes internationaux», a-t-il ajouté.
En Méditerranée orientale, où la Russie possède les bases de Hmeimim et Tartous en Syrie, les surveillances mutuelles sont connues des marins. Il est récurrent que les deux marines fassent «des ronds dans l’eau» pour se jauger. Mais une telle manœuvre sur un drone français, dans le contexte international, semble démontrer d’une grande confiance russe dans son impunité. Le Kremlin veut conserver ses bases dans la région, alors que la rébellion islamiste syrienne a finalement renversé son allié Bachar Al-Assad qu’elle a soutenu à bout de bras pendant près de dix ans. Si le nouveau pouvoir n’a pas fait du départ russe une priorité, certains équipements ont été redéployés. La perte de ces bases handicaperait largement les opérations russes en Afrique.
Des provocations récurrentes
La Russie n’en est pas à sa première provocation avec les armées européennes. Au large du golfe de Gascogne, un sous-marin russe a été «accompagné» par la frégate multi-missions (FREMM) Normandie, avait annoncé la Marine nationale en septembre 2022. La scène se serait déroulée à cent kilomètres des côtes bretonnes. Sa provenance et sa destination n’ont pas été communiquées. Le Novorossiysk (de classe kilo, selon la typologie Otan), ainsi que le remorqueur Sergey Balk ont été «accompagnés» en «collaboration étroite» avec un patrouilleur espagnol, puis une frégate britannique.
Un avion de chasse russe Su-27 avait voulu tirer un missile sur un avion de surveillance britannique RC-135 Rivet Joint qui survolait la mer noire, le 29 septembre 2022, rapporte le New York Times qui s’appuie les documents confidentiels américains publiés sur les réseaux sociaux. Selon deux responsables américaines, le pilote russe a mal interprété les consignes d’un opérateur radar au sol. Il a verrouillé l’avion britannique, a tiré, mais le missile ne s’est pas lancé.
Le 14 mars 2023, un drone Reaper américain MQ-9 s’était écrasé après une manœuvre d’interception menée par deux chasseurs russes Su-27. « Notre drone MQ-9 menait des opérations de routine dans l’espace aérien international quand il a été intercepté et touché par un avion russe, provoquant un crash et la perte totale du MQ-9 », avait commenté dans un communiqué le général Hecker, commandant des forces aériennes en Europe. «Il y a une agressivité propre aux Russes» dans les interceptions, commentait pour Le Figaro le général de corps aérien (2S) Patrick Charaix, ancien commandant des Forces aériennes stratégiques ajoutant que «cette sensibilité est exacerbée en fonction du contexte géopolitique».