L'œil de l'INA : Michel Klein, une longue vie du cirque Jean Richard au Club Dorothée

Pour la génération qui a grandi avec le Club Dorothée, le nom de Michel Klein demeure associé à cette émission et, en particulier à un rendez-vous dominical Terre attention danger !. Pendant 5 ans, le plus médiatisé des vétérinaires a multiplié les exemples concrets afin de sensibiliser les jeunes téléspectateurs à la défense de l'environnement et à la protection des animaux en voie de disparition. « Quand j'évoquais le risque de catastrophes écologiques à venir, on me prenait pour un doux dingue », avait-il l'habitude de dire, en précisant que pendant les années où il a été à l'antenne, l'audience de ce rendez-vous a été la plus forte de la journée. Une séquence, le mercredi matin, où il présentait un animal cher à son cœur, a également été très suivie. 
Ses débuts à la télévision remontent au temps où nos petits écrans étaient encore en noir et blanc. Lors d'une séquence de Dim dam dom, le magazine de Daisy de Galard, que Madelen vous propose de découvrir ou de redécouvrir, il ausculte de toutes petites bêtes dans son cabinet, après avoir soigné ou caressé des éléphants et des tigres dans les coulisses du cirque Jean Richard, où il a longtemps officié. À l'époque où personne ne contestait la présence d'un animal sur la piste aux étoiles, il a aussi travaillé pour la famille Bouglione et sauvé, en particulier, Charly, un ours brun originaire de l'Oural. 

D'autres images, particulièrement spectaculaires, ont marqué son long parcours. À l'occasion de la 500e des animaux du monde, une émission proposée entre 1969 et 1990 par François de la Grange, il règle devant les caméras, les problèmes dentaires d'une guenon. Au cours d'un reportage diffusé au Journal de 20 heures, le voici au zoo de Thoiry, en train d'endormir un lion grâce à une injection d'un tranquillisant à distance avec un fusil particulier, avant de l'opérer d'une hernie. C'est là aussi qu'il va faire de même pour un éléphant avec l'aide de deux prestigieux assistants, le Prince Rainier et la Princesse Caroline. D'autres images, où il sauve un zèbre femelle, ont été filmées par Federico Fellini. Un autre cinéaste, Claude Autant-Lara l'avait engagé, quelques années auparavant, pour peindre en vert la jument du film qu'il s'apprêtait à réaliser, d'après le roman de Marcel Aymé. « Lorsque nous allions la promener, nous croisions des paysans stupéfaits, en train de se demander s'ils n'avaient pas un peu trop bu la veille au soir », racontait-il en riant. 

À lire aussi Michel Klein, célèbre vétérinaire du «Club Dorothée», est mort à l’âge de 103 ans

Il évoquait aussi très régulièrement des yorkshires aux maîtres célèbres : celui de Jean-Paul Belmondo, dont il a veillé à la bonne santé, ainsi que celui d'Elizabeth Taylor, qu'il a gardé quand la star et Richard Burton, alors son mari, sont venus en France pour tourner Le chevalier des sables aux Studios de Boulogne-Billancourt. Le Lido a également fait appel à ses services. C'est ainsi qu'en 1966, il a fait la connaissance de deux magiciens débutants, Siegfried et Roy. Leur numéro consiste à faire disparaître puis réapparaître des tigres blancs, dont il va veiller à la bonne santé. Le duo s'est ensuite installé à Las Vegas où il a triomphé dans un cabaret, pendant plusieurs décennies. 
Dans le secret de son cabinet, le docteur Klein a également œuvré en mettant au point les premières valvules cardiaques pour animaux et différents outils, parmi lesquels une bulle chirurgicale permettant d'opérer dans un milieu totalement stérile. 

Il est aussi à l'origine du premier service de garde pour les animaux, et surtout de l'école des chiens-guides de Paris. Il lui a fallu 5 ans pour trouver l'emplacement dans le bois de Vincennes et obtenir les autorisations nécessaires à sa construction. Le jour de 1987 où Jacques Chirac, maire de Paris, l'a inauguré, est demeuré, dans sa mémoire, l'un des plus beaux de son existence. « Si j'ai pu être utile à quelque chose, c'est aider le public à mieux comprendre les animaux, à les respecter », confiait-il peu de temps avant de nous quitter. Pour y parvenir, il n'a jamais cessé de se donner un mal de chien.