IA : L’offensive du Studio Ghibli allié à des géants japonais contre OpenAI

C’est une saga qui n’en finit pas. La semaine dernière, la Coda (Content Overseas Distribution Association), l’organisme qui lutte contre le piratage des œuvres japonaises, s’est fendue d’une déclaration publique à l’attention d’OpenAI. Une nouvelle fois, c’est sa nouvelle application Sora 2 qui est dans le viseur, pour non-respect de la propriété intellectuelle. L’association représente des poids lourds de l’industrie du divertissement japonais, tels que les studios d’animation Ghibli et Toei, ou encore les producteurs de jeu vidéo Square Enix et Bandai Namco, qui figurent parmi les quelque 20 signataires de cette lettre ouverte.

Lancée début octobre, Sora a déjà déclenché les foudres des industries du divertissement un peu partout dans le monde. Se présentant comme un nouveau réseau social, l’application, pour l’heure uniquement disponible aux États-Unis et sur invitation, a suscité un engouement immédiat et comptait plus d’un million de téléchargements après seulement cinq jours. Grâce à l’intelligence artificielle, Sora permet de générer et partager une multitude de vidéos. Y compris en copiant des personnages de licences japonaises protégés par le copyright, comme Mario ou Pikachu.

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La Coda accuse OpenAi d’avoir utilisé des œuvres japonaises, appartenant aux sociétés qu’elle représente, pour alimenter Sora 2 pendant sa phase d’entraînement. Conséquence : une grande partie des vidéos générées par l’application ressemblent de facto à du contenu protégé par le droit d’auteur.

Intervention du gouvernement japonais

L’association japonaise met aussi en cause la politique en matière de copyright adoptée par OpenAI. Il s’agit de la mesure du «opt-out», autorisant par défaut Sora 2 à créer des contenus à partir d’œuvres protégées, à moins que les ayants droit demandent explicitement à ne pas utiliser leurs contenus.

Une disposition déjà décriée par un grand nombre d’agences de talents américaines et de studios du monde entier, tels que Warner Bros, Disney ou encore Nintendo. Jusqu’au gouvernement japonais, qui, le 10 octobre, avait publiquement demandé à OpenAi de respecter la propriété intellectuelle de plusieurs animes et jeux vidéo japonais, comme One Piece et Demon Slayer.

Dans sa lettre ouverte, la Coda déplore une situation qui serait contraire au droit japonais, pour qui l’utilisation d’œuvres protégées nécessite une autorisation préalable. «Il n’existe aucun système permettant d’échapper à la responsabilité en cas d’infractions», déplore l’association japonaise.

Menaces de saisir la justice

Début octobre, OpenAI avait déjà promis de donner plus de contrôle aux ayants droit, interdisant l’utilisation de contenus soumis à la propriété intellectuelle, sans autorisation. Mais la déclaration n’avait pu rassurer les professionnels, de nombreuses vidéos bafouant le droit d’auteur ayant pu circuler pendant des semaines sur le réseau social. Et en rédigeant un «prompt» subtil, il est toujours possible de contourner les interdictions, pour générer des personnages protégés par le copyright à l’infini.

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La Coda exige qu’OpenAI cesse d’utiliser des œuvres appartenant aux sociétés signataires pour entraîner Sora 2 sans leur autorisation. Elle attend aussi plus de transparence de la part de l’entreprise américaine, qui devra répondre aux «réclamations et demandes de renseignements des sociétés membres de CODA concernant les violations de droits d’auteur».

L’association a aussi prévenu, dans une nouvelle déclaration, que ses membres «prendraient les mesures juridiques et éthiques appropriées contre toute violation du droit d’auteur». Pour le moment, OpenAI n’a répondu à aucune de ces interpellations.

Le précédent ChatGPT

Ce n’est pas la première fois que l’entreprise de Sam Altman provoque l’ire du Japon. En mars dernier, une mise à jour de ChatGPT avait permis de créer des images inspirées du style graphique du studio Ghibli. Des milliers de dessins avaient alors été générés en l’espace de quelques jours. Jusqu’au compte Instagram d’Emmanuel Macron, qui, à l’occasion 60 ans de la Protection civile, avait choisi de représenter des bénévoles transformés en personnages de manga. Le partage en masse de ces visuels, copiés sur les dessins de son célèbre fondateur Hayao Miyazaki, avait alors suscité l’inquiétude de nombreux artistes.