De paria au PSG à chouchou des Reds... Hugo Ekitike, le «petit» nouveau qui rêve en grand chez les Bleus

Impossible de ne pas l’apercevoir lundi sur la pelouse de Clairefontaine, coiffure impeccable et baskets jaunes saillantes. Plus grand que la plupart de ses partenaires, Hugo Ekitike (1,91m, 76 kg) se fond dans la masse au côté des Mbappé, Dembélé ou Tchouaméni. Les rires fusent, lui reste discret. À sa place. À quelques mètres de là, Didier Deschamps scrute chaque détail. Pour la première fois de sa carrière, l’attaquant de 23 ans découvre le château et l’équipe de France dans cette rentrée qui doit mener les Bleus à la coupe du monde 2026. Convoqué chez les A après le forfait de Rayan Cherki dimanche, l’ancien Rémois vit des derniers jours mouvementés. Excitants. Savoureux.

Bizuth de la sélection pour les deux matches à venir contre l’Ukraine vendredi et l’Islande mardi, en compagnie du Monégasque Maghnes Akliouche, l’ancien international espoirs a tapé dans l’œil du staff après ses débuts remarqués avec les Reds de Liverpool, qu’il a rejoint cet été en provenance de Francfort, contre un chèque de 90 millions d’euros (bonus compris). Quatre matches officiels, trois buts et une entrée fracassante dans le costume de numéro 9 du champion d’Angleterre, club qui a déboursé près de 500 millions d’euros durant le mercato estival.

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Les supporters du mythique Anfield sont déjà sous le charme. «Par son jeu, son talent, et sa personnalité, on l’adore et il a fait forte impression, nous souffle Daniel, fan des Reds. Un lien s’est déjà créé avec lui et le public.» Grand, longiligne, Hugo Ekitike est aussi et surtout rapide, technique, capable de jouer dos au but, tout comme dans la profondeur. Une panoplie complète pour un joueur à la trajectoire singulière. On rembobine.

Échec cuisant à Paris, rebond en Allemagne

Repéré au Stade de Reims après une saison aboutie en 2021-2022 (24 matches, 10 buts), puis prêté avant d’être vendu un plus tard au Paris SG contre 36M€, Hugo Ekitike ratera son passage dans la capitale. Derrière les Neymar, Messi, Mbappé, difficile de se faire une place. Les relations entre lui et le club s’enlisent. La pépite rémoise finit son aventure parisienne par six mois au placard. Échec cuisant. «Je n’ai peur de rien, j’ai envie de découvrir le haut niveau», avouait-il à son arrivée dans la capitale. Le rebond s’écrira en Bundesliga, à Francfort qui l’acquiert contre 16,5 millions d’euros en janvier 2024. La suite ne manque pas de piquant.

Côté pile, dans la cinquième ville d’Allemagne, Ekitike revit en six mois à peine. La saison suivante, il plante des buts et enchaine les sorties convaincantes (22 buts, 12 passes décisives en 48 matches, toutes compétitions confondues). Les recruteurs européens l’ont dans le viseur. Côté face, il apprend vite de son fiasco parisien. S’entoure d’un staff conséquent (analystes vidéos, kinés, préparateur physique) et n’occulte pas le travail invisible. «S’il y a un mot qui décrit l’ensemble, c’est la résilience, avoue-t-il dans L’Equipe en mars dernier. Il y a des joueurs pour qui c’est tout droit, vers les sommets. Pour moi, c’est différent : je dois passer chaque épreuve et prouver, encore prouver... J’ai ça en moi.» La métamorphose est lancée. La machine en route.

Incroyable rédemption

Plusieurs clubs tapent à la porte, Chelsea, Newcastle, l’Arabie saoudite, mais c’est Liverpool et sa fièvre acheteuse qui remporte la mise. Les Reds, sortis par le Paris SG en 8e de finale de la C1, veulent du sang neuf. Hugo Ekitike, séduit par l’approche et le discours du technicien néerlandais Arne Slot, dit oui à l’un des plus grands clubs du monde. Le 23 juillet dernier, il paraphe un contrat jusqu’en 2031 avec le mythe aux vingt titres de Premier League et six Ligues des champions. Formidable rebond. Incroyable rédemption. La belle histoire. Mais tout reste à faire. En club comme en sélection.

«Il a déjà eu une grande influence sur le volet offensif de notre jeu, pas seulement en marquant des buts mais aussi en participant à la construction des actions, soufflait récemment Slot sur le Français. Je m’attends à ce qu’il en fasse encore plus sans le ballon qu’il ne le fait déjà - il travaille déjà très dur. Il y a des petits progrès à accomplir pour lui.» Depuis, l’attaquant suédois Alexander Isak a débarqué de Newcastle lundi contre 150 millions d’euros. Pas pour sucrer les fraises. Preuve que rien ne sera épargné au Français. Le très haut niveau. «Ils peuvent jouer ensemble, ce sera une autre épreuve pour Hugo, mais il a le caractère pour réussir», abonde notre supporter des Reds, confiant.

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Idem en équipe de France, où il est encore loin de ses concurrents directs, à savoir Kylian Mbappé, Ousmane Dembélé ou encore Marcus Thuram. «S’il est là, il est censé être utilisé même si on ne sait pas comment ça va se passer sur les deux matchs, avance Didier Deschamps, précautionneux et qui n’avait pas convoqué jeudi dernier le fan de Karim Benzema. Il va découvrir l’équipe de France et comme les 22 autres joueurs, il peut être amené à avoir un rôle à jouer.» Hugo Ekitike n’en demande pas plus.