Plusieurs dizaines de députés ont été victimes ces dernières semaines de menaces et de dégradations de permanences de la part d'agriculteurs, à l'approche du début de l'examen de la proposition de loi dite "Duplomb" - du nom du sénateur l'ayant déposée - visant à "lever les contraintes" pesant sur les agriculteurs. Un texte attendu par la FNSEA ou encore la Coordination rurale.
L'examen de cette proposition de loi, qui vise notamment à favoriser le stockage d'eau ou à réintroduire à titre dérogatoire un insecticide de la famille des néonicotinoïdes interdit en France depuis sept ans, doit débuter lundi (26 mai) à l'Assemblée. Selon les informations de France Inter, plusieurs députés s'étant publiquement dits opposés à cette proposition de loi ont été visés, ces dernières semaines, par des menaces de la part d'agriculteurs.
"Ils ont nécessairement raison"
L'ex-député macroniste Sacha Houlié, siégeant aujourd'hui parmi les non-inscrits et qui s'oppose à la réintroduction des néoniconoïdes, a par exemple vu sa permanence dégradée ce mercredi. "C'est déplorable", réagit-il auprès de France Inter : "Il y a malheureusement quelques activistes particulièrement virulents, sinon violents, et qui pratiquent la menace. Mais ce n'est pas à eux que l'on doit faire une tribune, et admettre que par essence ils ont nécessairement raison".
La permanence du patron des députés socialistes Boris Vallaud a été elle aussi souillée, tout comme celles de plusieurs députés Modem. Des parlementaires écologistes et insoumis ont également été visés, explique Mathilde Hignet, députée LFI d'Ille-et-Vilaine : "Cette pression n'est pas acceptable, parce qu'on ne peut pas faire la loi sous la contrainte". Elle attend aussi du ministère de l'Intérieur qu'il "prenne des dispositions pour protéger les permanences parlementaires".
"Ce texte est très important pour les agriculteurs parce qu'il propose de lever des freins à la production d'alimentation", a souligné lundi sur franceinfo la ministre de l'Agriculture Annie Genevard, ajoutant que le monde agricole "attend beaucoup de ce texte".