Football français: les réformes souhaitées par Philipe Diallo, le président de la fédération, ont reçu un accueil favorable

« Je propose des visions, une alternative, et ce que je fais, là, aurait dû être fait par la Ligue. » Le président de la Fédération française de football (FFF), Philippe Diallo, a présenté un visage offensif lundi en exprimant sa volonté de réformer le football professionnel dans les grandes largeurs et de le sortir de la crise. Parmi les souhaits qu’a émis Diallo figure celui de supprimer purement et simplement la Ligue de football professionnel (LFP). Rien que ça. L’idée serait de remplacer la LFP, association loi 1901, par une société commerciale de clubs, dans la même veine que la Premier League, le championnat anglais, qui génère des revenus et un engouement largement supérieurs à ses concurrents européens, tous sports confondus.

De quoi susciter une levée de boucliers de la part des clubs ? Que nenni. Les dirigeants des écuries de Ligue 1 et de Ligue 2 sont restés en retrait suite aux annonces de Diallo. Plusieurs présidents ont poliment refusé nos sollicitations. Un silence qui en dit long. Et qui trouve peut-être un début d’explication dans la réaction du principal concerné par une potentielle suppression de la LFP : son président, Vincent Labrune. « Je suis très favorable à une évolution vers un modèle proche de celui de la Premier League, qui a largement démontré son efficacité. Le football professionnel français a tout à gagner à s’en inspirer », a-t-il déclaré.

Le patron de la Ligue depuis 2020 évoque « une orientation que je défends de longue date, et je me réjouis qu’elle soit désormais au cœur des discussions. Ce modèle doit reposer sur une société commerciale où les clubs sont actionnaires aux côtés de la Fédération afin de renforcer la gouvernance et d’accroître l’attractivité de nos compétitions. » Celui qui a été réélu à la tête de la Ligue en septembre dernier pour quatre ans avec 85,6 % des suffrages pourrait voir son mandat s’interrompre avant la fin de l’année. Un mal pour un bien, lui qu’on dit usé par les critiques, pointé du doigt dans le mauvais feuilleton des droits TV. Et conscient que le modèle actuel a atteint ses limites. Les clubs professionnels en difficulté financière sont légion, la poussière ne peut plus être cachée sous le tapis.

Des propositions appréciées par deux sénateurs

Le projet de Diallo, présenté après avoir lancé trois groupes de travail lancés le 3 mars dernier, « est porté par l’ensemble des clubs français puisqu’ils ont tous participé à ces groupes de travail », a souligné la ministre des Sports, Marie Barsacq, au micro de La chaîne L’Équipe lundi. « Ils ont eu l’occasion de s’exprimer et se sont exprimés. Ils ont tous participé, discuté, dialogué. Ils avaient, dès le 3 mars, évoqué le souhait d’avoir une gouvernance agile », a appuyé la ministre, pour qui « les crises majeures amènent de grandes décisions et des réformes majeures ».

Le 10 juin prochain, le Sénat examinera une proposition de loi des sénateurs Michel Savin (LR) et Laurent Lafon (UDI) sur la gouvernance du sport professionnel. Ils « se réjouissent » des annonces de Diallo « concernant la nécessaire refonte du football professionnel en France »comme ils l’ont fait savoir dans un communiqué publié lundi soir. Les sénateurs, qui ne portent pas Labrune dans leur cœur, ont constaté « avec satisfaction que plusieurs mesures avancées (…) s’inscrivent dans la logique de notre proposition de loi » et vont travailler « pour les intégrer » à ladite proposition.

En mars dernier, la LFP, avec ses homologues de différents sports (rugby, basket, handball, cyclisme, volley-ball…), avait partagé sa « totale incompréhension et (son) profond désaccord »  en découvrant cette proposition de loi. Une réaction diamétralement opposée à celle de son président lundi face au projet esquissé par Diallo. Si elle est adoptée à l’Assemblée nationale, la loi pourrait être effective dès la saison 2026-2027. Soutien de la ministre des Sports, coup de fouet de la FFF entendu par les sénateurs et approbation de la LFP : tous les feux semblent au vert pour que ce projet « de rupture », comme l’ont qualifié tour à tour Diallo et Barsacq, aboutisse dans les prochains mois.