L’œil de l’INA : le temps où la télé était en fête pour Noël

La fin des années 50 et le début de la décennie suivante… Il n’y a qu’une chaîne de télévision, mais cela n’empêche pas les animateurs, animatrices et journalistes de se mettre sur leur 31. INA-Madelen vous propose de découvrir ou de redécouvrir ce reportage- souvenir réalisé en 2003. 

Des images en noir et blanc montrent des moments hauts en couleurs, parmi lesquels la première messe diffusée en direct sur le petit écran, en 1948, bien avant la naissance du Jour du Seigneur. Jean Nohain, pionnier des variétés, avec 36 Chandelles figure dans cette rétrospective avec une apparition de Poiret et Serrault, alors en pleine ascension. La séquence se termine par un moment culte: le Journal Télévisé du 24 décembre 1963 co-présenté par Léon Zitrone et Nounours, exceptionnellement descendu du nuage de Bonne nuit les petits. 

À lire aussi Léon Zitrone, l'homme qui fit battre le cœur de la télé

Un 25 décembre a également marqué l’histoire du petit écran naissant . En 1960, la direction de la RTF donne son feu vert à une réalisation dont le budget dépasse largement la moyenne habituelle : la diffusion d’une version théâtrale de Cyrano de Bergerac, réalisée par Claude Barma. Il a mobilisé 200 acteurs parmi lesquels Philippe Noiret, Michel Galabru et Jean Topart . Ils donnent la réplique à Daniel Sorano. La justesse de son interprétation, en particulier dans la tirade du nez est unanimement applaudie par la critique mais aussi par le million de Français qui possèdent alors un téléviseur. Selon le sondage artisanal réalisé dans les jours qui ont suivi, la quasi-totalité des téléspectateurs ont suivi cette retransmission. 

Les petits plats dans les grands

En ce temps-là, le 31 décembre était aussi un soir où l’on mettait les petits plats dans les grands. Ce que l’on n’appelait pas encore les divertissements n’étaient pas un simple défilé de chansons et de ballets, suivis d’un bêtisier. Il devenait alors de règle de proposer à des personnalités de créer l’événement. C’est ainsi qu’en 1957, Gilbert Bécaud, dont l’ascension en deux ans a été prodigieuse, se voit confier les clefs d’un studio et une carte blanche pour une soirée 100 000 volts, à l’image de l’énergie qu’il déploie sur scène. Lors d’une réunion avec son équipe, naît l’idée d’un duo avec Brigitte Bardot. Devenue star depuis la sortie de Et Dieu créa la femme, elle semble aussi incontournable qu’injoignable. Bécaud s’empare aussitôt d’un téléphone. Il compose sur le cadran un numéro qu’il est facile de se procurer en un temps où une actrice ou un acteur n’est pas entouré d’une foule d’agents et de professionnels de la communication. Il trouve les mots qui lui permettent d’obtenir un feu vert. C’est ainsi que, quelques semaines plus tard, BB débarque aux studios des Buttes-Chaumont pour répéter et enregistrer Alors raconte en duo. À la fin du tournage, Bécaud la raccompagne à sa voiture et entame une conversation qui se conclut par une invitation à dîner. La naissance d’une idylle particulièrement discrète qui va durer environ deux ans. 

Brigitte Bardot fête Noël

L’histoire d’amour de Brigitte avec la télévision va se poursuivre les 1er janvier 1962, et 1963 avec deux rendez-vous qui, eux aussi, méritent de figurer en bonne place dans l’histoire du petit écran. Le premier, Bonne année Brigitte débute par une séquence où l’on découvre le réalisateur François Chatel, à son bureau, en train de lui téléphoner pour lui proposer de tourner une émission. C’est ainsi que, quelques minutes plus tard, on la découvre dans une robe décolletée, avec une perruque noire cachant ses cheveux blonds, couchée sur un tapis interprétant Noir et blanc, des couplets signés par Jean Max Rivière, auteur de son premier succès discographique, La Madrague. Elle rejoint ensuite les Frères Jacques, le temps d’un duo intitulé Stanislas, puis bondit devant une autre caméra pour Les amis de la musique, où, vêtue d’une robe de lamé rappelant les années folles, elle jour du banjo, puis danse le charleston. Heureuse de ce moment, elle va récidiver l’année suivante en animant sous la direction musicale de Claude Bolling, un show en chansons intitulé A vos souhaits où elle va créer des couplets qui font aussi partie de son histoire. Elle a émis une seule condition à sa participation : ne pas toucher le moindre cachet. Un vrai cadeau pour les téléspectateurs.