«L’enfance doit faire l’objet de politiques publiques particulières et doit être priorisée», selon la Dynamique pour les Droits des Enfants, qui rassemble 29 organisations, associations et collectifs œuvrant pour les droits des plus jeunes. Le 26 décembre, elle a fait part dans un communiqué de son mécontentement quant à l’absence d’un ministère de l’Enfance dans la nouvelle équipe gouvernementale de François Bayrou. «C’est la grande cause oubliée du gouvernement», déplorait auprès du Figaro Florine Pruchon, Coordinatrice de la Dynamique pour les Droits des Enfants et responsable du pôle plaidoyer chez SOS Villages d’Enfants France. C’était sans savoir que l’Enfance sera bientôt confiée à un haut-commissaire. Selon nos informations, la création de cette instance ad hoc est prévue pour le courant du mois de janvier 2025, date à laquelle sera également annoncé le nom de la personnalité choisie pour s’en occuper.
En France, un enfant sur cinq vit sous le seuil de pauvreté tandis que 160.000 sont victimes de violences sexuelles chaque année, rappelle le communiqué de la Dynamique pour les Droits des Enfants. Sa responsable dénonce également «la crise dans le secteur de la protection de l’enfance» ou encore «le fait qu’il y ait plus de 2000 enfants à la rue », d’après le dernier recensement de l’UNICEF. Florine Pruchon évoque aussi «la situation catastrophique des enfants en Outre-mer», et notamment à Mayotte, ravagée par le cyclone Chido, où «quasiment une personne sur deux est un enfant». Tels seront les défis que devra relever le nouveau haut-commissaire. «Les enfants représentent 15 millions d’individus, ce ne sont pas que les citoyens de demain, ce sont aussi les citoyens d’aujourd’hui et ils nécessitent l’attention des politiques publiques», surenchérit Florine Pruchon.
Ministre ou «a minima un secrétaire d’État»
L’ensemble d’organisations demandait jusqu’alors la création d’un ministère de plein exercice, «ou a minima un secrétariat d’État», bien que ce dernier «n’aurait pas beaucoup de pouvoirs», selon Florine Pruchon. Pour la coordinatrice, qui s’exprime au nom de la Dynamique pour les Droits des Enfants, il ne faut pas que cet hypothétique ministère en soit «un parmi tant d’autres». «Il faut qu’il ait des administrations sous son autorité et qu’il puisse vraiment piloter les politiques publiques et faire changer les choses».
Elle indique qu’une telle structrure permettrait de rétablir les comités interministériels à l’Enfance, mis en place par Élisabeth Borne, qui réunissaient deux fois par an tous les ministres en charge de sujets liés à l’enfance comme le logement, la santé et l’éducation. Ces réunions leur permettaient de «décliner une feuille de route pour une meilleure effectivité des droits de l’enfant». «Elles devraient permettre de réaffirmer le caractère multidimensionnel et donc interministériel de l’enfance et ainsi assurer un suivi effectif des dossiers transversaux afin que les annonces ne restent pas lettre morte», suggérait également la Dynamique pour les Droits des Enfants dans un précédent communiqué, quelques jours avant la nomination du nouveau gouvernement.
«D’autres actions doivent être lancées au plus vite pour donner à l’enfance la visibilité et l’importance qu’elle requiert», ajoute la Dynamique pour les Droits des Enfants. Les associations exigent «l’allocation de moyens humains et financiers aux secteurs de l’enfance», qu’elles estiment être «en grande souffrance», «une réponse d’urgence adaptée aux enfants à Mayotte», ainsi que la création d’une délégation parlementaire aux droits des enfants au Sénat.
Au moins un interlocuteur
Les associations n’ont pas de nom à proposer pour cet hypothétique ministère : «ce n’est pas notre rôle», rappelle Florine Pruchon qui demande à avoir un interlelocuteur.
Pour la coordinatrice du groupe d’associations, si Catherine Vautrin, nouvelle ministre du Travail, de la Santé, des Solidarités et des Familles est chargée de traiter des questions liées à l’enfance, «il n’y aura pas de priorité donnée à l’enfant avec un tel portefeuille», craint-elle, déplorant «qu’on résume encore une fois l’enfant à sa place dans la famille». Les enfants devraient avoir une réelle place dans la société pour cet ensemble d’associations, qui demande qu’ils puissent participer «à toutes les décisions qui les concernent, et notamment aux politiques publiques». «Élisabeth Borne avait commencé à impulser des choses mais malheureusement ça ne s’est pas inscrit dans le temps».