REPORTAGE. "Là, le mode survie est activé" : à Mayotte, les habitants face au défi de trouver eau et nourriture
Emmanuel Macron est attendu jeudi 19 décembre à Mayotte, près d’une semaine après le passage du cyclone Chido, qui a fait 33 morts selon un bilan très provisoire. Le président doit notamment se rendre à l’hôpital ainsi que dans un quartier en grande partie détruit. Il rencontrera sans doute des habitants qui manquent encore de tout.
"Tout le monde en profite pour augmenter les prix"
Des tonnes d’aide humanitaire ont bien été livrées, mais la distribution est toujours ralentie, notamment par l’état des routes. Quelques petites boutiques vendent aux habitants les produits de première nécessité mais les prix ont explosé.
La vie était déjà chère à Mayotte, avant le cyclone, mais aujourd’hui c’est encore pire. "Douze euros le pack d'eau", soupire Sonia, une mère de deux enfants qui habite Petite terre.
"Ici, il y a des petites boutiques. Les propriétaires, bien évidemment, vont se ravitailler comme ils peuvent et revendent plus cher... De base, un pack d'eau c'est 3,50 euros ou 4 euros, maintenant ils sont à 12 euros."
Soniaà franceinfo
À côté de Sonia, Adidja confirme : "Tout le monde en profite aussi pour augmenter. Les boîtes de sardines, les bougies, tout ce qui est nécessaire ils ont augmenté les prix. On n'a pas le choix vu qu'on en a besoin, on est obligés d'acheter."

La situation devrait toutefois se réguler rapidement : le gouvernement a publié au Journal officiel, jeudi 19 décembre, un décret pour bloquer les prix des produits de grande consommation à Mayotte, déclaré en état de "calamité naturelle exceptionnelle". Les prix sont donc désormais bloqués à leurs niveaux atteints le 13 décembre dernier. Sont concernés les produits comme l'eau minérale, les produits alimentaires et boissons, les piles, mais aussi les produits d'hygiène de base, du quotidien et dédiés à la construction ainsi que les aliments pour les animaux.
Manque d'informations
Mais en attendant, la crise profite à certains et cela continuera tant que l’aide humanitaire arrivée à Mayotte ne sera pas convenablement distribuée aux habitants. Beaucoup de Mahorais sont en colère vis-à-vis de l'approvisionnement en eau et en nourriture.
D'après Sonia, on leur a promis beaucoup d'eau et de nourriture dont ils ne voient pas la couleur. "Je suis très fatiguée, épuisée, on voit plusieurs avions militaires débarquer, mais nous, on n’a rien du tout, on ne sait pas où on doit aller récupérer ce qu'il faut récupérer, s'il y a des choses à récupérer", dénonce-t-elle. "Là, le mode survie est activé", décrit-elle, avant de glisser : "J'aimerais savoir où je dois aller pour récupérer de la nourriture..."