Des «déclarations infondées» : Giorgia Meloni dénonce les accusations de «dumping fiscal» de François Bayrou

Des «déclarations infondées» : Giorgia Meloni dénonce les accusations de «dumping fiscal» de François Bayrou

Le premier ministre François Bayrou et la cheffe du gouvernement italien Giorgia Meloni. AFP / THIBAUD MORITZ / Getty Images via AFP / WIN MCNAMEE

Pour justifier son rejet de la taxe Zucman, cet impôt plancher sur le patrimoine des «ultra-riches», le premier ministre a évoqué dimanche soir le cas de l’Italie et ses mesures d’attractivité pour les contribuables fortunés. Ce qui n’a pas été du goût de sa première ministre.

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Déjà dans le viseur des oppositions, qui se préparent à le faire tomber lors du vote de confiance du 8 septembre, François Bayrou s’attire également les foudres de l’Italie. Au cours de son interview aux chaînes d’information en continu dimanche 31 août, le premier ministre en sursis s’en est pris à la taxe Zucman, cet impôt plancher sur le patrimoine des «ultra-riches» réclamé par la gauche, qualifiée de «menace pour l’investissement en France».

Interrogé sur la mise à contribution des plus hauts revenus de l’Hexagone, le patron du MoDem a alerté sur le risque d’exil fiscal massif. Un phénomène déjà en cours selon lui, notamment vers les plus proches partenaires de la France. «Les gens partent car il y a désormais une sorte de nomadisme fiscal. L’Italie est aujourd’hui en train de faire une politique de dumping fiscal !», a-t-il même lancé.

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Une sortie peu appréciée de l’autre côté des Alpes, à Rome, où les propos de François Bayrou ont fait bondir Giorgia Meloni. Dans un message publié sur son compte X dimanche, la cheffe du gouvernement italien a dénoncé des «déclarations totalement infondées» et jugé «surprenant» que Paris accuse l’Italie de dumping fiscal. «L’économie italienne  est attractive et se porte mieux que d’autres grâce à la stabilité et à la crédibilité de notre nation», a-t-elle cinglé, avant d’insister : «L’Italie n’applique pas de politiques fiscales favorables injustifiées pour attirer les entreprises européennes.»

En Italie, un impôt forfaitaire séduisant pour les grandes fortunes

Toutefois, l’Italie s’est dotée depuis 2017 d’un régime fiscal très attractif pour les grandes fortunes. Il ne s’agit pas de mécanismes fiscaux destinés à drainer les investissements des entreprises, mais certains particuliers peuvent en bénéficier. Bien connu depuis que la star du ballon rond Cristiano Ronaldo en a profité lors de son transfert à la Juventus Turin en 2018, le principal mécanisme d’attractivité italien réside dans l’impôt forfaitaire sur les revenus perçus à l’étranger. Initialement fixée à 100.000 euros, cette contribution annuelle a cependant été relevée à 200.000 euros en août 2024. «L’Italie (...) a même doublé la charge fiscale forfaitaire en vigueur depuis 2016 pour les personnes physiques qui viennent s’y installer», a ainsi tenu à rappeler la première ministre italienne sur X. Mais cet impôt forfaitaire pourrait toujours s’avérer attractif pour les quelques centaines de contribuables français visés par une potentielle taxe Zucman.

L’Italie n’est d’ailleurs pas la seule à avoir utilisé l’arme fiscale pour séduire les expatriés. Le Portugal avait instauré dès 2009 un régime d’exonération totale d’impôt sur les revenus perçus à l’étranger pendant dix ans, attirant retraités et investisseurs du monde entier. Mais la pression intenable sur les prix de l’immobilier a finalement poussé Lisbonne à revoir progressivement sa copie en supprimant tous les cadeaux fiscaux pour les nouveaux arrivants à partir de 2024. La Grèce, de son côté, propose également une «flat tax» de 7% sur les revenus générés à l’étranger, pour une durée de 15 ans.

La taxe Zucman, proposée par l’économiste Gabriel Zucman et défendue par la gauche, vise à instaurer en France un impôt plancher de 2% sur le patrimoine des personnes possédant plus de 100 millions d’euros. Elle inclurait notamment dans son assiette les actions détenues par les dirigeants et concernerait environ 1800 personnes, avec un rendement estimé entre 15 et 25 milliards d’euros pour l’État, selon la proposition de loi déposée par les écologistes en début d’année. Bien que le Sénat l’ait rejetée le 12 juin dernier, la mesure devrait être de nouveau discutée lors des négociations autour du budget 2026.