1er mai : en plein flou sur l’avenir, Le Pen et Bardella réunissent le RN à Narbonne

Au Rassemblement national (RN), les 1er-Mai se suivent mais ne se ressemblent plus. Seule constance depuis 10 ans : les hommages à la figure de Jeanne d’Arc, une tradition du Front national de Jean-Marie Le Pen, se font de plus en plus rares et de plus en plus discrets. Cette année, pour ce que certains appellent la «fête du travail» - quand d’autres insistent sur la «fête internationale des travailleurs» -, Marine Le Pen, Jordan Bardella et leurs troupes ont décidé de poser leurs valises à Narbonne (Aude).

Après Le Havre (Seine-Maritime) en 2023, pour y préparer le futur match élyséen qui s’annonçait à l’époque avec Édouard Philippe ; puis Perpignan (Pyrénées-Orientales) en 2024, pour lancer le sprint final de la campagne des européennes depuis la plus grande ville détenue par le RN... Le parti nationaliste a cette fois choisi l’Aude. Un territoire nouvellement lepéniste, depuis que le parti à la flamme y a réalisé un grand chelem aux législatives de 2022 : les trois circonscriptions du département sont toutes tombées sous l’escarcelle nationaliste, aux dépens du camp présidentiel.

Quel sera donc le thème que voudra mettre en avant le RN cette année ? À l’origine, l’état-major voulait y lancer la campagne des municipales de 2026. Ou plutôt poursuivre et amplifier la «campagne permanente» décrétée après la défaite aux législatives anticipées l’été dernier. Surtout, cela aurait permis de parfaire le «ticket gagnant» jusqu’ici formé par Marine Le Pen et Jordan Bardella : à elle l’Élysée, à lui Matignon.

Deux candidats putatifs à l’Élysée

Finalement, de tout cela, il ne sera rien. La condamnation en première instance de la «candidate naturelle» à une peine d’inéligibilité avec exécution provisoire - dont elle a fait appel - a évidemment tout changé. Depuis un mois, le parti nationaliste navigue entre angoisse, fébrilité, apathie et désespoir : leur championne est en danger de mort en attendant d’être fixée sur son sort d’ici à l’été 2026. Et la sortie en solitaire de Jordan Bardella, qui a affirmé ce week-end dans Le Parisien qu’il serait le «candidat» de sa patronne en cas d’empêchement, a achevé de fragiliser le parti.

En clair, il n’y aura donc pas une présidentiable et un premier-ministrable sur scène ce jeudi 1er mai, mais bien deux candidats putatifs à l’Élysée : la double-finaliste du scrutin, qui se préparait à tenter sa chance pour la quatrième fois consécutive en 2027 ; et son dauphin, un jeune loup qui pourrait être appelé à la remplacer plutôt que prévu. Deux têtes, donc, à deux ans d’une élection qui, elle, ne prévoit qu’un seul fauteuil.