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Faits Essentiels
Dissuasion nucléaire européenne : le périlleux débat rouvert par Macron et Merz
Pour ne plus dépendre du bon vouloir des États-Unis, le président français Emmanuel Macron a renouvelé vendredi sa proposition d’ouvrir une «discussion» sur une dissuasion européenne. Peut-elle être crédible ? « La crédibilité de la dissuasion est à considérer de plusieurs façons : vis-à-vis de la Russie, pour dissuader une attaque, et vis-à-vis de nos partenaires européens, pour les convaincre qu’ils peuvent être protégés», explique la spécialiste des questions stratégique à l’Ifri Héloïse Fayet. Ces questions sont sans réponse aujourd’hui.
Le sujet figurera peut-être au menu des débats à huis clos dimanche à Londres entre leaders européens. En cas de défaut américain, les deux puissances nucléaires européennes, la France et le Royaume-Uni, assumeraient une responsabilité particulière dans la défense du continent. «Si les deux pays parlent ensemble, cela a du sens au niveau dissuasif », assure le spécialiste des questions stratégiques à l’École Normale Supérieure Yannick Pincé. Leur arsenal pèse peu entre les 3700 têtes nucléaires américaines et les 4380 têtes russes. Mais il est suffisant pour infliger des dommages inacceptables à un adversaire.
Emmanuel Macron appelle dans la presse à «un financement massif et commun» des pays de l’UE pour bâtir une défense commune
Dans un entretien à plusieurs journaux français, Emmanuel Macron a dit espérer que les pays de l’Union européenne avanceront rapidement vers «un financement massif et commun» représentant «des centaines de milliards d’euros» pour bâtir une défense commune. «Je crois qu’aujourd’hui, c’est le moment d’un réveil stratégique, parce que dans tous les pays il y a un trouble, une incertitude, sur le soutien américain dans la durée», a-t-il expliqué.
Le président compte néanmoins convaincre les États-Unis de maintenir, eux aussi, leur aide financière et militaire à Kiev. «Ce qu’ont fait les États-Unis depuis trois ans est tout à fait conforme à leur tradition diplomatique et militaire. Je veux faire comprendre aux Américains que le désengagement de l’Ukraine n’est pas dans leur intérêt.»
Un sommet à Londres pour imaginer de nouvelles garanties de sécurité en Europe, après le clash Trump-Zelensky
Une quinzaine de dirigeants alliés de l’Ukraine tiennent dimanche à Londres un sommet crucial pour imaginer de nouvelles garanties de sécurité en Europe face aux craintes de lâchage par Washington, accentuées après le clash de vendredi entre Donald Trump et Volodymyr Zelensky.
Ce sommet réunit notamment le président français Emmanuel Macron, le chancelier allemand Olaf Scholz, les premiers ministres canadien Justin Trudeau, polonais Donald Tusk, la cheffe du gouvernement italien Giorgia Meloni, le secrétaire général de l’Otan Mark Rutte et les présidents de la Commission européenne et du Conseil européen, Ursula von der Leyen et Antonio Costa. Il précède un sommet européen extraordinaire sur l’Ukraine prévu le 6 mars à Bruxelles.
Selon Downing Street, les discussions à Londres vont porter sur «le renforcement de la position de l’Ukraine aujourd’hui, y compris un soutien militaire continu et une pression économique accrue sur la Russie». Les participants discuteront également de «la nécessité pour l’Europe de jouer son rôle en matière de défense» et des «prochaines étapes de la planification de garanties de sécurité solides» sur le continent, face au risque de retrait du parapluie militaire et nucléaire américain.
Bienvenue sur ce direct
Bonjour et bienvenue sur ce direct consacré à la guerre en Ukraine et au sommet organisé à Londres autour de la sécurité européenne. Vous pouvez retrouver notre précédent direct en suivant ce lien.
À retenir
- Londres et Kiev ont signé dans la foulée un accord de prêt de 2,26 milliards de livres (près de 2,74 milliards d’euros) pour soutenir les capacités de défense de l’Ukraine, qui sera remboursé avec les bénéfices des actifs russes gelés.
-«L’argent servira à produire des armes en Ukraine», a déclaré M. Zelensky sur Telegram, se disant «reconnaissant au peuple et au gouvernement du Royaume-Uni».
- Zelensky doit rencontrer le roi Charles III dimanche, et participer au sommet sur la sécurité prévu à partir de 14 heures.
- Ukraine et Europe suivent avec inquiétude le rapprochement entre Donald Trump et son homologue russe Vladimir Poutine. Moscou et Washington ont lancé, sans inviter l’Ukraine ni les Européens, des négociations pour mettre fin à la guerre, dont le président américain refuse de considérer Moscou comme responsable.
- Dans un entretien à plusieurs journaux français, Emmanuel Macron a dit espérer que les pays de l’Union européenne avanceront rapidement vers «un financement massif et commun» représentant «des centaines de milliards d’euros» pour bâtir une défense commune.