Israël : les alliés ultra-orthodoxes de Netanyahu menacent de le faire chuter
Le parti juif ultra-orthodoxe Shass, allié du Premier ministre Benjamin Netanyahu, a annoncé, lundi 9 juin, sa décision de faire tomber le gouvernement israélien en votant cette semaine en faveur d'élections anticipées. Il rejoint ainsi la position d'une autre formation ultra-orthodoxe, le parti Judaïsme unifié de la Torah. Le vote doit avoir lieu mercredi 11 juin.
Les deux partis ont annoncé qu'ils quitteraient la coalition et voteraient la dissolution de la Knesset si le gouvernement n'adoptait pas un projet de loi garantissant durablement l'exemption des obligations militaires pour les étudiants des yeshivas (écoles religieuses).
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Ils dénoncent la volonté du président de la commission des affaires étrangères et de la défense de la Knesset, Yuli Edelstein, un membre du parti Likoud de Benjamin Netanyahou, qui vise à sanctionner les réfractaires au service militaire. En dépit d'une loi votée en juin 2024, les ultra-orthodoxes bénéficient en pratique d'exemptions.
Armée israélienne recherche soldats
Selon le quotidien israélien Times of Israël, environ 80 000 Haredim (ultra-orthodoxes) âgés de 18 à 24 ans sont éligibles au service militaire et ne se sont pas incorporés dans l'armée. L'État major israélien affirme qu'avec la guerre menée à Gaza, malgré la mobilisation fréquente des réservistes, l'armée a besoin de 12 000 nouveaux soldats, dont 7 000 troupes de combat.
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Les opposants au projet craignent que la conscription généralisée des étudiants en religion conduise à une sécularisation massive des recrues ultra-orthodoxes.
La majorité des israéliens favorable à la conscription des "Haredim"
Formé en décembre 2022, le gouvernement de M. Netanyahu tient grâce à une alliance entre son parti, le Likoud, des formations d'extrême droite, et des partis juifs ultra-orthodoxes, dont le départ en bloc signifierait la fin du gouvernement.
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Selon un sondage publié dans le quotidien de droite Israel Hayom en mars, 85 % des juifs israéliens soutiennent un changement dans la loi sur la conscription des Haredim, parmi lesquels 41% se disent favorables à une loi rendant effectivement obligatoire le service militaire (32 mois pour les hommes).
Trois votes pour dissoudre la Knesset
Selon le quotidien Times of Israel, la menace des partis religieux a été jugée suffisamment sérieuse pour que l'ambassadeur des États-Unis en Israël, Mike Huckabee, rencontre des membres de la coalition ultra-orthodoxe afin d'empêcher la chute du gouvernement du Premier ministre Benjamin Netanyahu.
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Cependant, si la loi sur la loi de dissolution de la Knesset est adoptée en première lecture, elle devra encore passer par un processus législatif qui exige trois votes supplémentaires. Selon le journal Jerusalem Post, cela pourrait prendre des semaines et ne pas se terminer avant les vacances d'été du Parlement, prévues à la fin du mois de juillet.
Avec AFP