Disparition de Jean-Claude Lamy, journaliste et écrivain, à 83 ans
C’est sa femme qui le dit, et tous ceux qui l’ont connu et ont travaillé avec lui pensent la même chose : plus qu’une passion, le journalisme et la littérature furent la grande vocation de Jean-Claude Lamy, qui s’est éteint début février à l’âge 83 ans, dans ce lieu qu’il aimait, L’Île aux moines, même s’il partageait sa vie entre Paris et le Morbihan. «Déjà adolescent, il était fasciné par le personnage du fameux Rouletabille le reporter intrépide », raconte avec émotion Fabienne Lamy. Il est vrai que ce natif de Valence citait souvent ce personnage de fiction créé par Gaston Leroux. Jean-Claude Lamy était même l’un des rares à donner le « vrai » nom de Rouletabille : Joseph Joséphin…
Le journaliste est passé par deux grands titres, France Soir et a rejoint Le Figaro après la fin du quotidien fondé par Pierre Lazareff. Mais qui se souvient qu’il avait lancé sa carrière en contribuant aux « Potins de la commère », cette rubrique créée par Carmen Tessier, à l’époque l’une des plus célèbres journalistes, et maîtresse de Pierre Lazareff. Quelques années auparavant, Jean-Claude Lamy, après être passé par le CFJ (Centre de formation des journalistes), avait fait ses armes dans la presse quotidienne régionale, notamment au Dauphiné Libéré.
L’Académie drômoise des lettres
C’était un grand journaliste, qui était aimé de ses collègues comme de ses rivaux, parce qu’il faisait toujours preuve de bonté. Cela ne l’empêchait pas d’être un enquêteur exemplaire. Ses articles étaient fouillés, il faisait partie des rares plumes, avec Bernard Pivot et Jean Chalon, qui avaient élevé au rang d’art « l’écho », ces brèves informations dénichées dans les cocktails ou dans les coulisses des prix littéraires. La profession les appelait « les échotiers ».
Jean-Claude Lamy n’était pas avare de « coups » journalistiques, comme ce jour où il se présentât à l’Académie française pour écrire un article sur le sujet. Il avait tout fait dans les règles des immortels et avait postulé au fauteuil de Jean Dutourd, le 10 mai 2012. Il n’a pas été élu, n’obtenant qu’une voix, mais lors de cette élection aucun candidat ne l’avait emporté – « une élection blanche ».
Pas grave, en 2018, Lamy a été élu à l’Académie drômoise des lettres, des sciences et des arts. Ça n’est pas rien. Et cette même année, il avait reçu une récompense décernée par l’Académie française pour sa biographie, Jean-Edern Hallier. L’idiot insaisissable.
Sagan, Brassens, Poulidor, Duras...
Son côté investigateur l’a tout naturellement amené vers le livre. À force d’enquêtes et de travail, Jean-Claude Lamy est devenu biographe. Il a édité et préfacé les mémoires posthumes de Robert Sabatier ; il a écrit plus d’une trentaine de livres sur des personnalités qu’il admirait ou qu’il connaissait ou les deux. Impossible de tous les citer, sa bibliographie est impressionnante. Parmi eux : Françoise Sagan, Georges Brassens, Raymond Poulidor, Pierre Lazareff, Gaston Leroux, Marguerite Duras, Coluche, Bernard et Annabelle Buffet, Jeanne Calment, Mac Orlan, etc. Un inventaire à la Prévert… Justement, il avait aussi signé la biographie des frères Prévert et obtint le Prix Goncourt de la biographie en 2008.
On ne peut évoquer Jean-Claude Lamy sans parler de son « premier » décès… Car le journaliste a eu le « privilège » d’être annoncé pour mort alors qu’il était bien vivant ! C’était en mai 2018, à la veille de la Pentecôte, Wikipedia déclarait alors sa disparition, sa photo à l’appui de la nécrologie. C’était un homonyme. Un choc pour Jean-Claude Lamy, mais qui en a bien ri ! Il en a d’ailleurs écrit un livre, savoureux et drôle : Ma Première Mort.