«Je hurlais à la mort» : dans l’arrière-pays niçois, une joggeuse enceinte attaquée par deux chiens de berger

«Je hurlais à la mort» : dans l’arrière-pays niçois, une joggeuse enceinte attaquée par deux chiens de berger

Les deux bergers d’Anatolie près de la caravane de la bergère. Nathalie Leblanc (collection personnelle)

Lors d’un footing matinal à Saint-Dalmas-le-Selvage, Nathalie Leblanc a été violemment attaquée par deux bergers d’Anatolie, de redoutables chiens de protection. Sérieusement blessée, elle souhaite que les deux bêtes soient euthanasiées.

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À l’aube du lundi 23 juin, Nathalie Leblanc, enceinte de cinq mois, entame comme elle le fait régulièrement une course à pied sur un chemin communal de Saint-Dalmas-le-Selvage, dans la vallée de la Tinée (Alpes-Maritimes). Il est un peu plus de cinq heures, le jour se lève à peine. «Je pars sur cette piste confiante», confie-t-elle. L’itinéraire est familier, emprunté toute l’année par les promeneurs. Une piste d’accès facile, «familiale», selon Nathalie.

Deux kilomètres plus loin, à l’approche d’un troupeau de moutons parqué dans le creux d’un vallon et au milieu duquel elle devine la présence d’un patou (un chien de protection réputé pour sa férocité contre les loups), la joggeuse aperçoit une caravane de berger. Elle s’arrête net, hésite. «Je décide alors de faire demi-tour. L’animal en lui-même ne m’attire pas et les chiens me font peur. Dans tous les cas, la voie était inaccessible.» Elle rebrousse chemin. Soudainement, deux bergers d’Anatolie apparaissent devant elle, «sortis de nulle part». L’attaque est fulgurante.

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Une scène d’horreur

L’un des molosses la mord à la jambe, la fait chuter. Le second la saisit au bras droit. «Je hurlais à la mort. Je me protégeais la tête et la nuque. Celui proche de mon épaule n’était pas loin de ma tête. Il fallait que je me relève pour m’en sortir.» La scène ne dure que quelques dizaines de secondes, une minute tout au plus : une éternité pour Nathalie qui craint pour sa vie. Malheureusement pour elle, personne n’entend ses appels au secours. La bergère chargée du troupeau n’est, semble-t-il, pas présente sur place. Nathalie doit se débrouiller seule.

Par miracle, malgré les assauts des deux canidés, cette dernière parvient à se redresser. Le premier chien, le plus vieux, lâche prise et s’éloigne. Le second la poursuit en aboyant pendant près d’un kilomètre. «Il lui fallait m’éloigner des lieux. Je l’ai quitté sans jamais lui tourner le dos.» Vingt longues minutes de repli, jusqu’à trouver un bâton, l’agiter, lancer des pierres. Le chien finit par battre en retraite. Blessée aux bras, à l’épaule, en sang, sa veste déchirée, Nathalie parvient à regagner le village.

La victime a été sérieusement mordue sur plusieurs parties du corps, aux bras et aux épaules. Nathalie Leblanc (collection personnelle)

Le médecin de garde n’arrivera que deux heures plus tard. Elle dépose plainte dans la foulée à la gendarmerie de Saint-Sauveur-sur-Tinée. Son compagnon, lui, contacte le maire. Jean-Pierre Issautier, ne donnera pourtant pas suite. Contacté par Le Figaro, l’édile n’avait pas répondu à nos sollicitations jeudi à la mi-journée. Pour Nathalie, qui raconte sa mésaventure dix jours après, le choc est encore immense. «J’étais dans un état hystérique, de terreur. Cette scène me revient sans cesse en tête. Je me dis que, dans ce malheur, j’ai eu énormément de chance...» Le médecin a d’ailleurs été formel avec elle : si l’un des chiens l’avait saisie à la gorge, «il n’y en avait que pour deux minutes…»

Contactée, la bergère mise en cause, par la voix de son avocat, rejette toute faute. Me Christophe Petit, déclare ainsi que sa cliente «nie toute responsabilité pénale» et «prépare activement sa défense». Il évoque même une possible «exonération» en vertu du cadre légal encadrant les chiens de protection de troupeaux. Quant à une éventuelle euthanasie des animaux, réclamée par Nathalie, il juge l’hypothèse «improbable» et «inédite». Nathalie estime quant à elle que dans la mesure où les deux chiens qui l’ont attaquée n’ont pas dissocié «l’homme de l’animal» et qu’ils ont «pris goût à la chair humaine», rien n’interdit de penser qu’il puisse recommencer. Du reste, l’affaire soulève une fois encore la question de la cohabitation entre éleveurs, chiens de protection et promeneurs en zone pastorale.