Ce que l'on sait des violences commises à Amsterdam contre des supporters du Maccabi Tel-Aviv
Des supporters du club israélien du Maccabi Tel-Aviv ont été violemment agressés jeudi 7 novembre, en marge du match de Ligue Europa contre l'Ajax Amsterdam. La police néerlandaise a annoncé vendredi matin avoir procédé à 62 arrestations, tandis qu'Israël a envoyé des avions pour rapatrier ses ressortissants.
France 24 revient sur cette nuit de violences, qui intervient dans le contexte de la guerre menée par Israël dans la bande de Gaza et au Liban. Un conflit qui a déjà fait, dans l'enclave palestinienne, plus de 43 500 morts, dont une large majorité de femmes et d’enfants, selon l'ONU.
Avant le match : provocations et chants racistes des supporters israéliens
Slogans hostiles à la Palestine, chants racistes, agression d'un chauffeur de taxi, drapeau palestinien arraché d'une façade... Les heures qui ont précédé la rencontre ont été marquées par divers incidents impliquant des supporters du Maccabi Tel-Aviv. Des dizaines de fans du club ont ainsi été filmés en train de chanter en hébreu "Mort aux Arabes ! On va gagner !" ou encore "Laissons Tsahal gagner pour finir les Arabes".
"Les violences avaient déjà débuté mercredi soir entre supporters. C'était une nuit avec des incidents des deux côtés. Les partisans du Maccabi ont retiré un drapeau d'une façade du Rokin et ont détruit un taxi. Un drapeau palestinien a été incendié", a confirmé vendredi le chef de la police.
Un rassemblement propalestinien pour condamner la venue du club israélien était initialement prévu aux abords du stade mais avait été déplacé un peu plus loin dans le quartier par la mairie pour des raisons de sécurité.
Les supporters du Maccabi Tel-Aviv ont également été vivement critiqués pour ne pas avoir respecté la minute de silence avant la rencontre en hommage aux victimes des inondations en Espagne, l'un des rares pays européens à avoir reconnu l'État palestinien.
Fondé sous un autre nom en 1906, le Maccabi Tel-Aviv est le club le plus ancien et le plus titré d'Israël. Si ses supporters ne sont pas particulièrement réputés violents, le club est aussi composé d'ultras qui se sont récemment distingués en passant à tabac un militant pro-palestinien lors d'un déplacement à Athènes.
Après le match : les supporters israéliens pourchassés et frappés dans la rue
La rencontre de Ligue Europa au stade Johan-Cruyff vient de s'achever par un sévère 5-0 en faveur de l'Ajax d'Amsterdam. Comme le veut le protocole de sécurité mis en place dans le cadre de cette rencontre à haut risque, les 3 000 supporters israéliens ne quittent pas immédiatement l'enceinte du stade.
Après minuit, des incidents "dans plusieurs endroits de la ville" mettent en alerte la police néerlandaise. Sur plusieurs vidéos relayées sur les réseaux sociaux, des supporters du Maccabi Tel-Aviv sont poursuivis et violemment frappés par des groupes d'hommes sans signes distinctifs de l’Ajax. Des passants sont également sommés de présenter leurs passeports pour que leur nationalité soit vérifiée.
Sur une vidéo, un homme qui semble avoir été jeté dans un canal de la ville est contraint de dire "Free Palestine" ("Libérez la Palestine"). Une autre vidéo montre un supporter assis au sol et apeuré devant son agresseur, qui lui lance "Pour les enfants ! Pour les enfants !" en référence à la guerre meurtrière menée par Israël dans la bande de Gaza.
"La police a dû intervenir à plusieurs reprises pour protéger les supporters israéliens et les escorter jusqu'à leurs hôtels. Malgré la présence policière massive dans la ville, des supporters israéliens ont été blessés", a expliqué Peter Holla, le chef de la police d'Amsterdam, en annonçant l'ouverture d'une enquête.
Vendredi matin, les autorités néerlandaises ont rapporté l'arrestation de 62 personnes et l'hospitalisation brève de cinq personnes.
Des rumeurs d’enlèvement de supporters israéliens infondées
Après cette nuit de violences, des allégations ont circulé sur les réseaux sociaux à propos de possibles enlèvements de supporters israéliens. D'après le journal néerlandais De Telegraaf, des victimes dont les téléphones portables ont été dérobés ou perdus ont effectivement été recherchées.
Cependant, aucun supporter du Maccabi ne manque aujourd'hui à l'appel. Tous les Israéliens dont on était sans nouvelles ont été localisés, a annoncé le ministère israélien des Affaires étrangères.
Les autorités israéliennes avaient annoncé plus tôt affréter des avions pour rapatrier leurs ressortissants. Un premier avion transportant des Israéliens a atterri à Tel-Aviv.
Quelles ont été les réactions en Israel ?
En Israël, où les scènes de violences de la nuit ont suscité de la colère et une vive émotion, l'armée a annoncé l'interdiction à tous ses personnels de se rendre aux Pays-Bas "jusqu'à nouvel ordre".
Le Premier ministre Benjamin Netanyahu a dit considérer "l'effroyable incident avec la plus grande gravité" et "exiger (des autorités néerlandaises) d'agir vigoureusement et rapidement contre les émeutiers".
Le chef de la diplomatie israélienne, Gideon Saar, qui doit se rendre d'urgence à Amsterdam, s'est entretenu avec son homologue néerlandais, Caspar Veldkamp, demandant que les autorités néerlandaises assurent la sécurité des supporters pour leur transfert jusqu'à l'aéroport.
Quelles ont été les réactions en Europe après ces violences ?
Le Premier ministre néerlandais Dick Schoof a dénoncé une "terrible attaque antisémite", disant sa "honte" face à ces heurts.
"Nous avons vu ces informations très perturbantes. Personne ne devrait être soumis à la discrimination ou à la violence sur la base de son origine nationale, religieuse, ethnique ou autre", a pour sa part déclaré Jeremy Laurence, porte-parole du Haut-commissariat de l'ONU aux droits de l'Homme.
De son côté, la présidente de la Commission européenne, Ursula von der Leyen, s'est dite "indignée" par ces "attaques ignobles" et "inacceptables". "L'antisémitisme n'a absolument pas sa place en Europe", a réagi la cheffe de l'exécutif européen sur X.
Le président français, Emmanuel Macron, a quant à lui condamné des violences qui rappellent "les heures les plus indignes de l'Histoire", tandis que Berlin a jugé "terribles et profondément honteuses pour nous en Europe" les images des violences commises à Amsterdam.
Aucun leader européen n’a condamné les chants racistes antiarabes, ni les actions violentes menées par les supporters israéliens.
Vers une délocalisation du match France-Israël ?
Les incidents survenus à Amsterdam ont relancé le débat autour de la tenue au Stade de France du match France-Israël jeudi prochain dans le cadre de la Ligue des nations.
Manuel Bompard, sur Cnews/Europe 1, et d'autres voix, notamment au sein de La France insoumise, demandent son annulation. D'autres proposent plutôt sa délocalisation.
Renoncer "reviendrait à abdiquer face aux menaces de violence et face à l'antisémitisme", a rétorqué sur X le ministre de l'Intérieur, Bruno Retailleau, demandant au préfet de police de "prendre les dispositions de sécurité nécessaires" pour le maintenir au Stade de France.
"Avec toutes les mesures de sécurité qui s'imposent pour éviter une nuit de violences, Bruno Retailleau a raison de vouloir maintenir le match", a estimé le président Les Républicains de la région des Hauts-de-France, Xavier Bertrand.
Ce contexte sécuritaire très tendu semble en tout cas avoir découragé un bon nombre de supporters de l'équipe de France, qui jouera une nouvelle fois sans son capitaine, Kylian Mbappé. Selon le journal Le Figaro, seulement 15 000 à 20 000 spectateurs sont attendus pour le moment dans l'enceinte capable d'accueillir jusqu'à 80 000 supporters.
Avec AFP