Yémen : en soutien à leurs "frères de Gaza", les rebelles Houthis s'en prennent aux navires commerciaux en mer Rouge

Les États-Unis dénoncent des attaques "provocantes et dangereuses", "une menace directe pour le commerce international et la sécurité maritime". Dimanche, trois cargos ont été visés par des missiles et des drones alors qu'ils passaient au large des côtes yéménites dans les eaux internationales. L'attaque a duré plusieurs heures. C'est un destroyer américain qui leur est venu en aide en abattant trois drones au-dessus de la mer. Au final les bateaux n'ont subi que de légers dégâts matériels et il n'y a pas de victimes.

Plus tôt dans la journée, selon la société de sécurité maritime Ambrey, un navire de marchandises britannique avait été touché par un tir de roquette à une trentaine de kilomètres au large de Mocha.  L’équipage s'est protégé en se repliant dans un espace sécurisé du bateau. Le bureau des opérations commerciales maritimes du Royaume-Uni (UKMTO) conseille aux navires se trouvant dans la zone de "faire preuve de prudence".

"Jusqu'à ce que cesse l'agression contre Gaza"

C'est la première fois que plusieurs navires se retrouvent en même temps visés par un seul assaut des rebelles Houthis, qui ont d'ailleurs publié un communiqué après leur attaque. "Nous continuerons à cibler les navires israéliens", disent-ils "jusqu’à ce que cesse l’agression israélienne contre nos frères de la bande de Gaza". En novembre ils se sont aussi emparés du Galaxy Leader, qui transportait des voitures, propriété d'une société britannique appartenant à un homme d’affaires israélien.

Si les rebelles Houthis du Yémen soutiennent les Palestiniens de Gaza, c'est parce que ce groupe armé chiite, qui s'oppose depuis plus de dix ans aux forces loyalistes du Yémen, s'inscrit aussi dans l'"axe de la résistance" contre Israël - comme le Hamas palestinien ou le Hezbollah libanais. Comme eux d'ailleurs, ils sont financés par l'Iran qui, au fil des ans, les a aidés à s'étoffer et à se professionnaliser.

Les États-Unis prêts à risposter

Aujourd'hui les 30 000 combattants Houthis ont à leur disposition du matériel dernier cri, drones, blindés, hélicoptères, et même des missiles longue portée. Il y a quelques semaines, ils en ont tiré toute une salve en direction d’Eilat, en Israël, distante de plus de 2 000 kilomètres. Le message est clair, il s'agit d’asseoir leur influence, de se poser comme un acteur fort au Yémen (dont ils contrôlent déjà la capitale Sanaa) et dans la région, même s'ils savent que leurs attaques ne vont pas changer les rapports de force. C'est aussi de la dissuasion, en prouvant que l’Iran et ses alliés ont les moyens d’atteindre le sud d’Israël et de contrôler la mer Rouge, voie stratégique où passe 40% du commerce maritime mondial.

Y a-t-il un risque d'élargissement du conflit ? Tout dépend jusqu'où comptent aller les Houthis. Pour l'instant ils n'ont pas fait de victimes humaines ni précisément ciblé de navires américains en Mer Rouge.

Ce qui représente la ligne à ne pas franchir qui entraînerait une riposte militaire, un engrenage incontrôlable - les États-Unis ont déjà dit qu'ils "envisageaient toutes les réponses appropriées" aux attaques et sont prêts, on le sait, à frapper l'Iran sur son sol.