« La nature n’est pas seulement un champ de production » : au Brésil, le mirage de l’acier « vert » assèche la terre des paysans
Minas Gerais (Brésil), envoyés spéciaux.
Poço de Água, qui signifie littéralement « puits d’eau », porte aujourd’hui un nom bien trompeur. Dans cette petite communauté rurale, située à onze heures de route de Belo Horizonte, capitale de l’État de Minas Gerais au Brésil, l’eau se fait rare. En hiver, le paysage est aride, tout comme les routes non asphaltées de ce territoire. Les voitures et les camions chargés de charbon y soulèvent des nuages de poussière. « Presque toutes les sources se sont asséchées et le rio Fanado, le dernier cours d’eau restant, est pollué », se lamente João Gomes de Azevedo, fermier âgé de 85 ans et père de 17 enfants. Dans cette région historiquement riche sur le plan agricole, les forêts d’eucalyptus s’étendent désormais sur des centaines de milliers d’hectares. Créant ce que les locaux ont appelé un « désert vert ».
Le sidérurgiste Aperam concentre les crispations
L’industrie sidérurgique utilise ces arbres pour produire du charbon de bois et en extraire ensuite du coke, combustible indispensable à la fabrication de l’acier. L’un des plus importants exploitants de plantations de la région, le sidérurgiste Aperam, concentre les crispations. Sur ses brochures commerciales, l’industriel vante un acier plus...