Bleus et Deschamps, dépression, sa vision de la France, conflit avec le PSG : les explications attendues de Mbappé

Kylian Mbappé met les choses au clair. Au micro de Canal+ ce dimanche, interrogé par le journaliste Mouloud Achour, le capitaine de l’équipe de France a livré ses vérités. «Surpris» par l’enquête pour viol le visant en Suède, le Madrilène s’est ensuite exprimé sur de nombreux sujets liés au football, de l’équipe de France au Paris Saint-Germain en passant par sa forme actuelle. 

Sur son amour de l’équipe de France et son absence

«L’Équipe de France, c’est le plus haut grade du football. Mon amour pour la sélection n’a pas bougé. Il s’est passé pas mal de choses. En septembre, j’ai demandé au sélectionneur de ne pas y aller, je venais d’arriver à Madrid, mentalement je n’étais pas dans un état d’esprit à 100%. Je ne voulais pas m’approprier l’équipe de France. Le coach a insisté pour que je vienne, ça ne s’est pas très bien passé. En octobre, j’étais blessé mais je n’étais pas au cœur des discussions avec le staff. Novembre, je ne peux pas dire (les raisons de son absence). C’est une décision du coach, je respecte sa décision, le coach c’est le patron, le boss. Je voulais y aller.»

Sur «Sa France»

«Ma France à moi, c’est une France remplie de mixité, où on n’impose pas aux jeunes ce qu’ils doivent être. J’ai grandi avec nos différences à Bondy. À Monaco, j’ai connu une autre culture. Après, j’étais Kylian, et quand tu es connu, on t’accepte de toute façon. Mais j’ai toujours voulu m’exprimer en tant que citoyen. J’ai un point de vue, sauf qu’il est repris par des millions de personnes. On va toujours me reprocher de me soucier de mon pays. Je représente beaucoup de choses pour les gens avec mes valeurs. Il y a des moments difficiles. Il faut jamais se renier. J’ai des grandes responsabilités. je les ai revendiquées plusieurs fois.»

Sur son lien avec le Paris-Saint Germain 

«Le club a énormément compté pour moi. 7 ans ou j’ai profité dans le bien et dans le pas bien. 7 années extraordinaires, mon erreur que j’ai faite est que j’ai tout confondu, j’ai toujours été aimé. J’ai confondu mes conflits avec des gens, je défendais mes droits d’homme, de joueur mais ça ne représente pas le club, les supporters m’ont donné, les joueurs aussi, maintenant j’ai le recul, j’aurai pu être plus expressif avec les supporters, ils ne savent pas tout ce qui se passe. J’ai aimé tous les matches du PSG, je regarde toujours. Je connais chaque brin d’herbe du Parc, je sais très bien comment ils sont en ce moment avec cette obsession de la Ligue des champions, c’est le club qui fait vendre. 

Les autres supporters te sifflent comme tu joues pour Paris. C’est le PSG qui fait manger, qui fait l’audience, qui représente le foot français. Avec Paris, c’est une relation qui ne se coupe pas comme ça, je suis toujours en contact avec des gens du club, je leur souhaite le meilleur au PSG, j’espère qu’ils ne vont pas gagner maintenant que je joue pour le Real (rires). Mais ce club et ces supporters méritent le plaisir. Je n’ai jamais regretté d’être parti même quand c’est dur en ce moment. Mon histoire à Paris a été faite, j’ai donné des émotions. L’émir a respecté mon départ, ça m’a touché parce que j’étais dans une situation compliquée. Mes relations avec l’émir ont toujours été au top. j’ai jamais été contre le Qatar. Jamais.»

Sur le capitanat en équipe de France et ses moments difficiles en Bleu

«Je n’ai pas le même brassard qu’Hugo (Lloris). Moi, on me demande beaucoup de choses. C’est une responsabilité. On me demande un autre métier par rapport à Hugo. J’étais là, je voyais bien. Des fois je me disais "mais il dit rien (Hugo Lloris)". Griezmann était parfaitement légitime. Le coach m’a dit: ça te ferait quoi d’être capitaine de l’équipe de France. Ce serait un honneur. Je n’aurais rien retourné s’il ne me l’avait donné. En équipe de France, j’étais toujours tout pardonné. On a menti à mon sujet. À l’Euro 2021, on a menti du premier au dernier jour, on m’a traité de singe, on m’a mis sur le dos la responsabilité de certains échecs. Mais c’est l’équipe de France, j’ai toujours tout donné. Tu sers ton pays, point. Des fois, c’est écrire pour écrire, parler pour parler, pour te faire du mal. Donc tu l’acceptes, sinon tu peux être malheureux.»

Sur une éventuelle dépression 

«J’ai eu des moments où j’étais fatigué mais je n’étais pas en dépression. Il y a des gens qui font vraiment des dépressions, il faut les aider. À un moment j’ai eu un épuisement. Je n’ai pas eu de tranches de repos, j’ai eu des déceptions sportives. C’est parler pour parler, c’est gratuit. Accompagné mentalement ? Non mais les gens sont avec toi. Ils te soutiennent, c’est la culture espagnole. Ils ont le partage. À Paris c’est autre chose. Montre qu’on doit t’aimer. À Madrid, vient avec nous tu fais partie de la famille.»

Sur les critiques à son égard

«J’ai été décrit comme super mature. Parfois les messages, c’est sans parler. Des fois, j’envoie des messages malgré moi. Les gens nous voient comme des robots. Il y a un cercle robotique qui veut ça. Quand tu vas plus loin, on est des êtres humains comme tout le monde. Les gens nous critiquent et nous encensent. C’est un plus un effet boomerang, quand ça tape sur tes proches. Je n’ai pas de contact avec la télévision française ici. Je ne regarde pas. C’est plus mes proches qui regardent et qui m’en parlent. Je voulais vraiment découvrir quelque chose ici. J’ai mis ma concentration là-dessus (...) Je sautais dans l’inconnu, même si je parlais la langue. La culture, ça s’apprend. J’ai beaucoup insisté sur l’adaptation en arrivant.»

Sur le «Projet Mbappé» des jeunes footballeurs français

«Arrêtez ça, c’est Kylian Mbappé qui vous le dit. Mes parents ne m’ont jamais mis la pression. Mon père m’a jamais fait faire des tours de terrain à 6h du matin. Ils m’ont laissé m’éclater. j’ai eu une discussion avec mes parents. C’est moi qui l’ai choisi, ce n’est pas mon père qui l’a choisi. Mes parents me poussaient à l’école, le foot ça doit venir d’eux. Peut-être que le petit veut jouer qu’un an. Laisse-le tranquille le petit. Il ne faut pas que les jeunes rêvent d’être moi. Parce que le but d’un rêve, c’est de ne pas avoir de limites. Moi, je ne rêvais de personne. Je rêvais d’être grand.»

Sa vie à Madrid et sa forme actuelle

«Très heureux. Je commence une nouvelle étape de ma vie. Première expérience à l’étranger. Je découvre un pays formidable, avec des gens accueillants. C’est un pays cool, il fait beau. On est là. Ce n’est pas le meilleur début de saison, mais on se prépare pour les trophées qui vont compter. On a déjà gagné la Supercoupe d’Europe. Ce n’est pas à la hauteur de ce qu’on attendait, mais au Real, on attend en deuxième partie de saison. C’est là que tu seras jugé. Tu découvres un nouveau contexte, un nouveau club, climat, environnement. Tu ouvres tous les sens. C’est plus être dans l’observation. Je vais réussir ici.»

Sur ses ambitions sportives

«J’ai fait pas mal déjà. Il me reste quoi comme gros trophée? La Ligue des champions, je suis dans le meilleur club pour ça. L’Euro. Pourquoi pas faire les JO un jour. Trophée individuel aussi ça compte, il me reste le Ballon d’or bien sûr. Je sais ce qu’il faut faire pour le gagner, pleins de choses sur le terrain et en dehors. Quand je ferai tout ce qu’il faut pour le gagner, je le gagnerai. (Sur la Coupe du monde 2022 perdue par les Bleus face à l’Argentine). J’avais la rage de fou mais tu respectes parce que c’est Messi (rires). On a cassé la glace en rigolant tous les deux parce qu’on s’est livré une bataille. On s’est fait des souvenirs de la finale. Je pense que cette finale nous a rapprochés.»