«Conséquences imprévisibles», Giorgia Meloni «face à un choix» : la presse italienne s’émeut des tensions diplomatiques entre Rome et Paris

«Un nouveau front diplomatique s’ouvre désormais entre Rome et Paris, avec des conséquences imprévisibles»constate avec crainte La Repubblica  dans ses colonnes ce samedi 23 août, après que la France a convoqué l’ambassadrice d’Italie en France «à la suite des propos inacceptables» tenus par le vice-premier ministre italien Matteo Salvini mercredi dernier à l’encontre d’Emmanuel Macron.

«Le champ de bataille sur lequel se joue le duel est celui des volontaires  (une coalition d’alliés de Kiev, NDLR), un enjeu crucial dans la guerre en Ukraine. L’idée franco-britannique d’envoyer des troupes sur le terrain pour maintenir la paix a été farouchement contestée ces derniers mois par Giorgia Meloni, mais surtout par Salvini», poursuit le quotidien situé à gauche.

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«Jusqu’à présent, Meloni a choisi de ne pas s’exprimer»

Interrogé lors d’un déplacement à Milan sur un éventuel déploiement de soldats italiens en Ukraine après un arrêt des hostilités, comme la France et le Royaume-Uni envisagent de le faire, Matteo Salvini a effectivement suggéré qu’Emmanuel Macron «y aille lui-même» en mettant un casque et prenant un fusil. Le chef du parti antimigrants Lega, proche de Marine Le Pen, avait déjà qualifié en mars le président français de «fou», l’accusant de pousser l’Europe à la guerre avec la Russie. Une «plaisanterie», estime il Giornale, quotidien milanais marqué à droite.

Fait majeur, souligne La Repubblica, la saillie de Matteo Salvini est survenue au moment même où Emmanuel Macron et, entre autres, la Présidente du Conseil italien Giorgia Meloni, rentraient de Washington pour négocier avec Donald Trump une sortie de guerre entre la Russie et l’Ukraine. «La question se déplace désormais sur le plan diplomatique. La première ministre est confrontée à un choix : prendre position, stigmatisant Salvini, ou garder le silence, compliquant encore davantage ses relations déjà complexes avec le président français ? Jusqu’à présent, Meloni a choisi de ne pas s’exprimer», conclut La Repubblica.

«Les critiques émanent également de la majorité»

«L’Élysée attendait une réaction. Une distanciation avec Meloni, ou du moins avec le ministre des Affaires étrangères Antonio Tajani. Mais au lieu de cela : rien»note de son côté La Stampa  qui voit dans la convocation de l’ambassadrice italienne un «acte retentissant». «Ce qui est certain, assène le quotidien turinois libéral, c’est que la décision française représente une nouvelle rupture diplomatique, une nouvelle dans le conflit chronique de ces dernières années entre les partis populistes italiens successifs au gouvernement – tous : M5S, Lega et FdI – et Macron.»

Enfin, le Corriere della Sera pointe de son côté les dissensions apparues au sein même du gouvernement italien. «Les critiques émanent également de la majorité, ouvrant un front interne délicat au sein du gouvernement».