Le parcours de la Commission d’enquête parlementaire sur les liens entre certaines forces politiques et les réseaux islamistes - portée par le chef de file des députés LR, Laurent Wauquiez - est décidément semé d’embûches. Il y a à peine deux semaines, l’Assemblée nationale donnait finalement son feu vert à la mise en place de cette instance, après avoir jugé irrecevable la première version de la proposition de l’élu de Haute-Loire.
Sa mission : «Exposer d’éventuelles pratiques clientélistes ou encore prévenir le risque d’entrisme lors des futures élections». Mais déjà, un rebondissement est survenu ce mercredi : la députée socialiste Sophie Pantel, élue à la présidence de cette nouvelle commission dans l’après-midi, a présenté sa démission en fin de journée, confirme-t-on auprès du Figaro. Une nouvelle qui fait l’effet d’un petit tremblement de terre au Palais Bourbon. Qu’est-ce qui explique ce revirement inattendu ?
Passer la publicitéDu côté des Républicains, on évoque des pressions exercées par La France Insoumise (LFI) - principale cible de cette commission - , sur l’élue socialiste en vue des prochaines échéances électorales. «LFI a mis un flingue sur la tête des socialistes en disant : “Si tu fais ça, on met quelqu’un chez toi” (aux législatives). Ce serait une déclaration de guerre», avance une source du parti de droite, qui dénonce des «méthodes de mafieux». Dans le collimateur des Insoumis pour avoir été la seule députée PS à ne pas voter la motion de censure contre Michel Barnier en décembre dernier, Sophie Pantel a, de son côté, téléphoné au rapporteur de la Commission, le LR Vincent Jeanbrun, pour l’informer de sa décision. En lui indiquant n’avoir «aucune» marge de négociations avec le mouvement mélenchoniste.
«N’importe quoi !»
Une version qui met en lumière les tensions sous-jacentes entre LFI et le PS, mais que conteste fermement Boris Vallaud, chef de file des députés socialistes, auprès du Figaro : «N’importe quoi ! On ne veut être instrumentalisé par personne, et on ne fait nos choix sous l’injonction de personne». À LFI, son homologue Mathilde Panot a préféré moquer «des sommets de pitreries inégalés». «À peine installée, la commission n’a ni présidence, ni représentativité de l’ensemble des forces de l’Assemblée. Une première dans l’Histoire parlementaire», a grincé l’élue du Val-de-Marne sur le réseau social X, se plaignant qu’il n’y ait plus «d’élus de gauche au bureau» après la démission de Sophie Pantel.
Dans les rangs de la droite, on se projette maintenant sur le nouveau «round de négociations», en vue d’un second vote sur la présidence de la commission, prévu mardi prochain. Mais une question taraude ses cadres : «Le sujet c’est que font le Rassemblement national et l’UDR ? Est-ce qu’à la fin des fins ils sont d’accord pour que ce soit (Aymeric) Caron (battu ce mercredi par Sophie Pantel) à la présidence ?, s’interroge-t-on à droite. Difficilement explicable auprès de leurs électeurs.»