VIDEO. Berlin : face au changement climatique, la capitale allemande se transforme et impose le concept de "ville éponge"
A l’heure du changement climatique, la gestion de l’eau, particulièrement en milieu urbain, est un enjeu majeur du XXIe siècle. Pour la stocker en période de sécheresse et limiter les risques d’inondation, les autorités locales de la ville de Berlin ont repensé toute la politique d’urbanisme. Ils se sont inspirées d’un concept venu de Chine appelé la "ville éponge", une première en Europe.
Tout a commencé dans un quartier sorti de terre dans les années 1990 près du lac de Rummelsburg, au sud-est de la capitale allemande, où chaque immeuble de briques rouges est entouré d’arbres et d’espaces verts. "Toute l’eau de pluie qui tombe ici est contenue dans cette zone. L’eau de pluie ruisselle dans ces tranchées, à droite et à gauche, on voit bien que l’eau circule et s’infiltre dans le sol, explique Astrid Hackenesh-Rump, porte-parole de la Berliner Wasserbetriebe, la société responsable de la gestion de l'eau à Berlin. Et ce n’est pas tout, on a aussi ces toits végétalisés en haut des immeubles. Pareil pour les toits de tous ces parkings souterrains, ils ont été transformés en jardin pour les résidents", ajoute-t-elle.
Le quartier fonctionne en circuit fermé, sans rejeter d’eau de pluie dans le tout-à-l’égout
L’eau de pluie absorbée dans les surfaces végétalisées sert à irriguer les nombreux parcs créés au pied des résidences. Le quartier fonctionne ainsi en circuit fermé, sans rejeter la moindre goutte d’eau de pluie dans le tout-à-l’égout. Le système a fait ses preuves, et Rummelsburg n’a jamais été inondé. En 2018, la municipalité s'est inspirée de cet exemple pour faire passer une loi très stricte. "Maintenant, les promoteurs n’ont plus le choix, c’est désormais obligatoire de contenir l’eau de pluie sur sa propriété, et il est interdit de la faire s’écouler dans les égouts", indique Astrid Hackenesh-Rump.
C’est avec cette spécificité que l’écoquartier situé à Grünau, dans la banlieue sud-est de Berlin, a vu le jour. Dessiné par l’architecte Berndt Schlager, son concept est particulièrement innovant et fait aujourd’hui figure de référence. Trois bassins artificiels ont été construits, le plus grand mesurant 6 000 mètres carrés, alimentés par l’eau de pluie captée sur les toits végétalisés, c’est un des principes clés. "L’eau circule entre les bassins, elle est nettoyée, filtrée, pompée et revient dans le bassin principal, via ces rampes et ces escaliers. Moins il y a d’eau en été, plus la circulation doit être rapide. Naturellement, elle est plus lente pendant les saisons intermédiaires", décrit l’architecte.
L’eau amène de la vie au milieu du béton et, par évaporation, elle rafraîchit l’atmosphère. Pour Joseph, un retraité qui a quitté le centre-ville pour emménager ici, "c’est beaucoup plus agréable qu’en ville. Je dirais qu’il y a entre 1 et 3 degrés de différence. Il fait toujours plus frais autour du bassin. Il y a comme un microclimat autour de l’eau. C’est encore plus notable quand la température monte", se réjouit-il.
Extrait de "Inondations, tempêtes : l'Europe contre-attaque", diffusé dans "Nous, les Européens(Nouvelle fenêtre)(Nouvelle fenêtre)" le 22 mai 2025.
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