Une clé de bras à Kiev et une victoire pour Moscou ? Poursuivant son objectif de mettre fin à la guerre en Ukraine, lancée en février 2022 avec l’invasion du pays par la Russie, Donald Trump peaufine son plan de paix. Selon plusieurs médias outre-Atlantique, l’administration républicaine et des responsables russes ont élaboré une nouvelle mouture d’envergure qui prévoit des concessions majeures de la part de l’Ukraine tout en pressant son président Volodymyr Zelensky de l’accepter.
Le plan, qui doit comporter 28 points, «n’en est encore qu’à ses balbutiements», rapporte le Financial Times . Il aurait d’ores et déjà été transmis «cette semaine» à Kiev par le conseiller spécial du président des États-Unis Steve Witkoff, ajoute le quotidien financier. Mais que contient ce plan qui, s’il était accepté par le président ukrainien, consacrerait de nombreuses victoires d’importances majeures pour le Kremlin ? Le Figaro fait le point. Tous les détails de ce plan de paix ne sont pas connus. Les rares informations glanées par la presse américaine suffisent cependant à dire qu’il est largement défavorable à l’Ukraine.
Céder la région du Donbass dans son entièreté
Tout d’abord, selon Axios, les conditions prévoient que Kiev cède la région du Donbass, qui inclut les oblasts de Donetsk et de Louhansk, dans son entièreté, y compris les derniers territoires toujours contrôlés par l’armée ukrainienne. Selon l’Institut américain pour l’étude de la guerre (ISW), Kiev a encore la main sur environ 14,5% de ce territoire.
Démilitarisation du Donbass
En échange, ajoute le site d’information, le Donbass serait démilitarisé par la Russie.
Réduction de moitié des effectifs de l’armée ukrainienne
C’est l’une des lignes rouges ukrainienne que Donald Trump s’apprêterait à franchir. Selon le Financial Times, le plan peaufiné par les négociateurs américains et russes prévoit une réduction de l’armée ukrainienne de moitié, à 400.000 hommes.
Kiev devra renoncer à des catégories d’armements clés
Le plan de paix prévoit que l’Ukraine renonce à des catégories d’armements clés pour la défense de son territoire, sans pour l’heure préciser lesquelles.
Kiev ne devra plus recevoir d’aide militaire étrangère
Toujours selon le Financial Times, l’Ukraine, si elle acceptait cet accord de paix, ne pourrait plus recevoir d’aide militaire étrangère. Aujourd’hui, les principaux pays donateurs d’aide militaire à l’Ukraine sont les États-Unis, l’Allemagne et le Royaume-Uni. La France, qui au début de la guerre avait été critiquée par ses alliés d’Europe orientale pour son manque de fermeté vis-à-vis de la Russie, est également depuis devenue l’un des principaux soutiens de l’Ukraine sur le continent.
Passer la publicitéPas d’armes occidentales à longue portée
De même, Kiev ne recevrait plus d’armes occidentales à longue portée capables d’atteindre la profondeur du territoire russe.
Un énième revirement de l’administration Trump sur ce dossier. «Nous examinons plusieurs demandes des Européens», avait déclaré fin septembre le vice-président JD Vance en réponse à une question d’un journaliste de Fox News qui l’interrogeait sur l’envoi de missiles de croisière à longue portée Tomahawk en Ukraine. Ou, plus précisément : la vente par les États-Unis de ces missiles capables d’atteindre Moscou à des pays européens qui les livreraient à l’Ukraine, selon la formule de Donald Trump qui ne veut pas que le conflit coûte un centime au contribuable américain.
Aucune troupe étrangère sur le sol ukrainien
Toujours au chapitre - flou pour l’instant - des garanties de sécurité, l’Ukraine devrait, selon le plan, s’engager à ce qu’«aucune» troupe étrangère ne soit présente sur son sol, rapporte le Financial Times.
Le russe reconnu comme langue officielle de l’État ukrainien
Toujours selon le quotidien financier américain, le russe, en cas de signature de l’accord en l’état, serait reconnu comme langue officielle de l’État ukrainien. Une revendication qu’exige Moscou.
Un statut officiel pour la branche locale de l’Église orthodoxe russe
Le plan de paix accorderait un statut officiel à la branche locale de l’Église orthodoxe russe. Là encore, il s’agit d’une des dispositions qui font écho aux objectifs politiques de longue date du Kremlin.
Passer la publicitéLa reconnaissance internationale de la Crimée et du Donbass comme territoires russes
Ces deux régions ukrainiennes seraient reconnues par les États-Unis et «d’autres pays» comme territoires russes.
Les inconnues
La plupart des mesures sont pour l’heure inconnues. L’une d’elles irait dans le sens d’une cession des régions de Kherson et de Zaporijia, où les lignes de front sont aujourd’hui figées, et que l’Ukraine contrôle encore à un peu plus de 20%.
Selon des déclarations à l’AFP d’un haut responsable ukrainien sous couvert d’anonymat, le nouveau plan américain semble reprendre les conditions maximalistes avancées précédemment par la Russie, des exigences dénoncées par les autorités ukrainiennes comme équivalant à une capitulation.