Espagne, Italie, Portugal... Appel à des manifestations dans toute l’Europe contre le surtourisme
Des militants contre le surtourisme prévoient des manifestations à travers l’Espagne, le Portugal et l’Italie, le 15 juin. À Barcelone, un groupe exhorte même les participants à apporter des pistolets à eau lors de l’événement. La colère monte dans les pays du sud de l’Europe contre ce que les manifestants qualifient de « niveaux excessifs de tourisme » et qui, selon eux, « forcent les habitants à quitter les logements abordables, font grimper le coût de la vie et encombrent les centres-villes ».
Les dépenses de voyages internationaux devraient augmenter de 11 % pour atteindre 838 milliards de dollars en 2025, l’Espagne et la France étant parmi les pays qui devraient recevoir un nombre record de touristes. Des manifestations sont prévues à Barcelone et dans sept autres villes espagnoles dont Grenade, Palma de Majorque et Ibiza. Lisbonne, la capitale du Portugal et les villes italiennes de Venise, Gênes, Palerme, Milan et Naples accueilleront également des rassemblements selon les annonces publiées par plusieurs groupes d’organisateurs.
Quelques organisateurs rejettent l’argument selon lequel le tourisme apporte des emplois et de la prospérité. Ils ont déclaré qu’ils souhaitaient reproduire les actions menées en 2024 à travers l’Espagne. « Ils s’unissent à des groupes du Portugal et d’Italie sous l’égide de l’alliance SET [Sud d’Europa contra la Turistitzacio, ou en français Europe du Sud contre le surtourisme] » a déclaré Daniel Pardo Rivacoba, porte-parole de l’Assemblée des quartiers pour la décroissance touristique de Barcelone.
En 2024, la ville de Barcelone et son 1,6 million d’habitants ont accueilli plus de 26 millions de touristes. Une enquête menée par Barcelone en 2024, a révélé que 31 % des habitants considéraient le tourisme comme néfaste, soit le chiffre le plus élevé jamais enregistré. « Quand les fonctionnaires disent que nous devons nous spécialiser dans le tourisme, ils nous disent en fait qu’il faut s’appauvrir pour que d’autres puissent s’enrichir » a indiqué, Pardo Rivacoba, déplorant de trop bas salaires, des contrats médiocres ou inexistants.
Graffitis anti-touristes
Les graffitis sur lesquels on peut lire « Touristes, rentrez chez vous !» sont devenus de plus en plus courants dans la ville méditerranéenne dont l’agence de tourisme a été taguée, jeudi 12 juin avec un message à propos de la future manifestation. L’agence a répondu dans une lettre ouverte publiée le 13 juin : « Si vous entendez quelqu’un de Barcelone dire : “Touristes, rentrez chez vous !”, vous devez savoir que la plupart d’entre nous ne pensent pas de cette façon». Elle a poursuivi en indiquant que la ville accueillait les touristes parce qu’ils apportent de la diversité, tout en soulignant les défis posés par le tourisme de masse et les mesures prises pour y faire face, telles que l’interdiction des appartements touristiques et une taxe de séjour permanente.
Barcelone, dont le tourisme compose 15 % de son PIB, a annoncé en 2024, qu’elle fermerait toutes les locations à court terme d’ici 2028. Le maire a déclaré à l’époque que les loyers avaient augmenté de 68 % au cours des dix dernières années et que le coût d’achat d’une maison avait augmenté de 38 %, devenant un facteur d’inégalité, en particulier chez les jeunes. Jaime Rodriguez de Santiago, directeur de la plateforme de location de vacances Airbnb pour Iberia, a déclaré cette semaine que les restrictions imposées par Barcelone faisaient « des locations de courte durée des boucs émissaires . Selon lui, néanmoins, ces locations peuvent aider « à redistribuer les flux de visiteurs vers des quartiers moins fréquentés d’une ville ».
Une manifestation plus discrète à Venise
Le président socialiste de Catalogne a également annoncé cette semaine l’agrandissement de l’aéroport de Barcelone, affirmant qu’il était essentiel que l’aéroport devienne une plaque tournante majeure pour les connexions intercontinentales, suscitant de nouvelles levées de boucliers. Une source de la police régionale de Catalogne a indiqué que les forces de l’ordre garantiraient le droit de manifester et le droit des citoyens à se déplacer librement, mais a refusé de commenter davantage. À Venise, le mouvement s’annonce plus discret. Les organisateurs ont indiqué que ses membres afficheraient des banderoles à deux endroits pour dénoncer l’impact du surtourisme. « Chaque ville du réseau SET organise une manifestation à sa manière », ont-ils précisé.