Séisme en Russie : pourquoi ne doit-on plus parler de l’échelle de Richter ?
Ce mercredi 30 juillet, une alerte tsunami a été déclenchée dans plusieurs pays après qu’un séisme d’une puissance inédite a frappé au large des côtes russes de la péninsule du Kamtchatka, vers 23H25 GMT mardi 29 juillet. «Un séisme de magnitude 8,8 , le plus puissant dans la région en près de 73 ans». Dans les dépêches, aucune mention de l’échelle de Richter. Mais pourquoi cette échelle n’est plus mentionnée lorsque l’on cherche à mesurer la force d’un séisme ?
Mis au point en 1935 par le sismologue américain Charles Francis Richter, ce mode de calcul tentait de mesurer plus mathématiquement la puissance d’un séisme. Avant, on évaluait plutôt en fonction des dégâts, ce qui était loin d’être précis. Un séisme de faible ampleur mais dont l’épicentre était proche de la surface et sous une ville pouvait par exemple occasionner bien plus de dégâts qu’un autre plus puissant mais plus loin des habitations et plus profond.
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Passer la publicitéLa magnitude de moment
L’échelle de Richter est donc un grand progrès pour l’étude des séismes, mais elle se révèle rapidement imprécise. Elle mesure l’amplitude des ondes sismiques à 100 km de leur source, explique l’Institut physique du globe de Paris. Mais elle n’est calibrée que pour le type de sol présent dans le sud de la Californie - où Richter étudiait les tremblements de terre - et seulement pour des mesures réalisées avec un type précis de sismographe.
Désormais, les sismologues utilisent plutôt la magnitude de moment, Mw. Elle «mesure l'énergie libérée par le séisme», explique au Figaro Robin Lacassin, directeur de recherche à l'Institut de Physique du Globe de Paris. «Celle-ci est directement reliée à la rupture sismique et au glissement qui s'est produit sur la faille lors du séisme.» Une mesure plus précise que l’échelle de Richter, car «seule une partie, l'énergie sismique, est dispersée sous forme d'ondes sismiques ; le reste de l'énergie provoquant des fractures, des déplacements et de la chaleur par friction», précise l’ENS Lyon.
La magnitude de moment donne toutefois un ordre de grandeur assez proche de l’échelle de Richter, en tout cas pour les séismes les moins puissants. Ces deux échelles sont logarithmiques, ce qui veut dire que la puissance du séisme est démultipliée d’un palier à l’autre. Un tremblement de terre de magnitude 6 est ainsi 30 fois plus fort qu’un séisme de magnitude 5. C’est le même principe que pour les décibels.