«L’éducation nationale n’a-t-elle pas d’autres priorités ?» : l’interdiction du calendrier de l’Avent dans plusieurs écoles de l’Aisne fait polémique
À peine le mois de décembre est-il commencé qu’une polémique bien connue est relancée : la fête de Noël et les traditions qui l’accompagnent sont-elles sécularisées, ou heurtent-elles le principe de laïcité à l’école, protégé par la loi de 1905 ?
Samedi 30 novembre, plusieurs écoles du département de l’Aisne ont reçu un courrier de l’Inspection de l’Éducation Nationale au sujet du calendrier de l’Avent, rappelant leur interdiction. «J’ai été alerté de la présence possible de calendrier de l’Avent dans les classes. Je rappelle que l’Avent est une démarche religieuse. Dans le cadre de la neutralité qu’impose la laïcité, valeur cardinale de la République, je vous invite à rappeler aux professeurs de l’école que vous dirigez qu’aucun élève ne doit être confronté à un calendrier de l’Avent dans le cadre scolaire», indiquait l’institution dans un courrier que s’est procuré le journal L’Union .
«Outil pédagogique»
Une démarche contestée dans un premier temps par le sénateur de l’Aisne Pierre-Jean Verzelen (Les indépendants, République et territoires), alerté par des directeurs d’école mécontents. «Le calendrier de l’Avent est entré dans nos habitudes, dans la société, il a même une tournure très commerciale», s’est-il plaint dans un courrier adressé à la ministre de l’Éducation nationale Anne Genetet. Et d’ajouter : «Dans les écoles, il est vu comme un outil pédagogique. Il permet un travail en grammaire, en mathématiques ou en anglais et pourquoi pas aussi pour appréhender l’histoire d’une religion qui fait partie de la culture générale. Que l’on soit croyant ou pas, le calendrier de l’Avent appartient à tout le monde». Et n’irait donc pas à l’encontre de la loi de de séparation des Églises et de l’État, qui prévoit l’interdiction «d’apposer aucun signe ou emblème religieux en quelque emplacement public que ce soit», dont les écoles et les lycées.
Le président du conseil régional des Hauts-de-France Xavier Bertrand, a lui aussi interpellé la ministre, jugeant la position de l’Inspection «incompréhensible», dans un message posté sur X (ex-Twitter). «L’éducation nationale n’a-t-elle pas d’autres priorités ?», s’est indigné l’élu Les Républicains (LR)
«Noël fait partie de notre patrimoine culturel»
Devant l’ampleur de la polémique, le recteur de l’académie d’Amiens, Pierre Moya, a fait machine arrière, dans un courrier adressé à Anne Genetet, consulté par Franceinfo. Il y assure que le courrier est le fait d’un «inspecteur» et n’engage pas l’institution dans son ensemble, tout en pointant des informations «entachées d’erreurs tant sur le plan pédagogique que sur ceux de l’histoire et du droit».
Toujours selon les informations de Franceinfo, la ministre de l’Éducation Nationale aurait préparé un courrier sur le sujet, dimanche 1er décembre. Les calendriers de l’Avent à l’école sont «pleinement compatibles avec les principes de laïcité», y écrirait-elle. «Noël est reconnu comme fête légale et jour férié, inscrit dans le Code du travail […], largement sécularisée, et qui fait partie de notre patrimoine culturel commun», expliquerait-elle également. Et d’ajouter : «L’utilisation des calendriers de l’Avent en classe est «pleinement compatible avec les principes de laïcité, dès qu’ils ne véhiculent aucun contenu religieux».
L’usage des calendriers de l’Avent dans les écoles n’est pas la première tradition de Noël à susciter la controverse. En 2022, les maires de Perpignan et de Bézier avaient notamment été enjoints par le tribunal administratif d’enlever la crèche de Noël installée dans leurs mairies, ce qui avait été vivement critiqué par la droite.