Le Figaro Lyon
«La ville ne peut accepter cette situation et va continuer de lutter contre l'implantation de ce marché». La réunion du conseil de quartier des États-Unis, lundi soir, a été l'occasion pour le maire du 8e arrondissement, Olivier Berzane (EELV), d'annoncer une série de mesures de lutte contre le marché sauvage enkysté depuis plusieurs mois place du 8 mai 1945. Chaque samedi, des centaines de vendeurs à la sauvette investissent les lieux au terme du marché légal du matin, exposant des marchandises qui vont de simples vêtements à des cartouches de cigarettes en passant par des médicaments. Leur nombre aurait aujourd'hui doublé, confie Olivier Berzane au Figaro «entre 500 et 900 vendeurs qui viennent désormais de toutes les villes de la métropole !». Dans les couloirs de l'hôtel de police, on évoque plutôt le chiffre de 200.
En présence de l'adjoint à la sécurité, Mohamed Chichi, Olivier Berzane a ainsi insisté sur l'opération menée par la métropole écologiste pour retirer deux tonnes de déchets : «Une opération importante de nettoyage en profondeur a été effectuée la semaine dernière sur la place». Le sol de la place a été décapé dans la foulée et le lierre aux murs, qui permet aux vendeurs à la sauvette de cacher leur marchandise, doit être enlevé. Un arrêté d'interdiction de stationner sur les parkings, incluant contrôle systématique des véhicules, verbalisation et mise en fourrière a été pris. Une caméra de surveillance va aussi être installée sous la halle pour repérer les contrevenants.
70 rappels à la loi
Olivier Berzane rappelle que «70 personnes sont déjà passées en maison de justice», pour abandon de déchets notamment. Si les compétences relatives aux marchés forains et au ramassage des déchets reviennent respectivement à la ville et à la métropole de Lyon, la municipalité écologiste avait demandé des renforts policiers à la préfecture sur le secteur. Une demande maintenue par Olivier Berzane, qui déplore au passage que la police n'ait pas été présente lors du conseil de quartier de ce début de semaine, auquel elle était invitée. «Il faut une présence aussi forte que pour le marché sauvage des Minguettes qui s'est d'ailleurs déplacé ici», insiste le maire d'arrondissement.
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Un tel déploiement n'est pas à l'ordre du jour du côté des services de l'État. Dans les couloirs de la préfecture, on répond que la police nationale effectue ses missions de contrôle et de verbalisation en concertation avec la police municipale. Un haut gradé de la police lyonnaise s'étonne de l'importance accordée au sujet dans un quartier «rempli de points de deal». «Nous ne sommes pas absents mais nous hiérarchisons, poursuit-il. Dans le 8e, nous luttons contre la criminalité avec des groupes violents, sur les infractions les plus graves, d'atteintes aux personnes, les trafics de stupéfiants». Le tout dans un contexte d’effectifs contraints, comme dénoncé par les syndicats à la rentrée.
Pas de trouble à l’ordre public ?
Le trafic de stups serait absent de ce marché de la misère. Sur le premier semestre 2024, quatre interpellations ont été réalisées pour infractions à la législation sur les stupéfiants par la police nationale dans ce secteur, 13 autres pour vente à la sauvette, assure une autre source sécuritaire. «Nous agissons sur la détection de receleurs et de certains trafics ainsi que des gros réseaux de contrefaçons pour lesquels nous ouvrons des enquêtes judiciaires, précise-t-il. Mais quel cadre juridique y a-t-il pour interpeller des vendeurs à la sauvette miséreux qui ne génèrent pas de trouble à l'ordre public ?».
Certains riverains, excédés s’étaient pourtant plaints au printemps, diffusant des images sur lesquels les vendeurs s’étalaient jusqu’au milieu des immeubles. La police nationale dénombre seulement trois appels au 17 relatifs à des nuisances concernant la place du 8 mai 1945 depuis le début de l'année. Soulignant le travail de la Brigade spécialisée de terrain (BST) dans ce secteur estampillé quartier de reconquête républicaine en 2018, la police renvoie vers la ville.
De son côté, le maire du 8e arrondissement a demandé un renforcement des contrôles au Sytral, dans les transports en commun, en amont du marché. Coté aménagement public, la mairie rappelle la pose de 140.000 euros de barrière devant le parc pour enfant et sa fermeture nocturne. L'aire de jeu a été réaménagée pour 115.000 euros.