Crise politique en Géorgie : au moins trois meneurs de l'opposition arrêtés en marge d'une nouvelle nuit de manifestations pro-Union européenne
L'opposition résiste en Géorgie, mais le gouvernement accentue la pression. Des milliers de manifestants pro-Union européenne se sont de nouveau rassemblés à Tbilissi pour une septième nuit de protestation contre le gouvernement, malgré l'arrestation d'au moins trois meneurs de l'opposition, mercredi 4 décembre.
Ce pays du Caucase est dans la tourmente depuis les législatives du 26 octobre, remportées par le parti au pouvoir, Rêve géorgien, mais dénoncées comme truquées par l'opposition. Le gouvernement est aussi accusé d'entraver les ambitions de la Géorgie d'intégrer l'UE et de vouloir se rapprocher de Moscou.
La foule paraissait plus clairsemée par rapport aux rassemblements massifs de la semaine dernière, même si l'affluence restait conséquente pour ce pays d'environ 4 millions d'habitants. Nikoloz Bakouradzé, étudiant de 19 ans, pense que le mouvement a "déjà passé son pic". "Aujourd'hui comme hier, les gens sont moins nombreux", estime le jeune homme, tout en jugeant que "l'énergie reste la même".
"Une campagne de terreur et de répressions"
Les autorités ont accentué leur pression sur le mouvement en perquisitionnant mercredi les bureaux du parti d'opposition Droa. Des policiers cagoulés y ont brutalisé puis embarqué Nika Gvaramia, le dirigeant d'un autre parti allié, Akhali, selon des images d'une chaîne locale. Selon cette chaîne, deux autres dirigeants de l'opposition, Alexandre Elisachvili et Zourab Datounachvili, ont été arrêtés près de la manifestation, au cours d'une bagarre avec des agents de sécurité.
Le ministère de l'Intérieur a également rapporté l'arrestation de sept personnes accusées d'avoir "organisé" des violences lors des manifestations. Elles encourent jusqu'à 9 ans de prison. Il a confirmé avoir mené des perquisitions dans les bureaux de plusieurs partis politiques et affirmé qu'un "grand nombre d'engins pyrotechniques" et des cocktails Molotov avaient été saisis. Quelque 293 personnes ont été placées en détention depuis le début du mouvement, a annoncé le ministère de l'Intérieur mardi soir, et 143 policiers ont été blessés.
Le Premier ministre géorgien Irakli Kobakhidzé a, pour l'heure, adopté une ligne dure, menaçant l'opposition et refusant toute concession. Le principal parti d'opposition géorgien, le Mouvement national uni (MNU) de l'ex-président emprisonné Mikhaïl Saakachvili, a accusé les autorités d'avoir "lancé une campagne de terreur et de répressions".