«L'argent nous brûlait les doigts» : à Romans-sur-Isère, le succès irréel des jeunes qui vivaient sous la coupe de Sadri Fegaier

Envoyée spéciale dans la Drôme 

Ahmed* connaissait peu de choses des assurances aux téléphones quand il a été embauché à la SFAM (Société française d'assurance multirisques), en 2017. Le jeune homme cherche alors péniblement une alternance en marketing, et faute de réponse, il se résout à postuler comme téléconseiller dans l'entreprise de courtage en assurances d'un dénommé Sadri Fegaier. «Le salaire était haut pour Romans, 2800 euros net, sans compter une prime annuelle d'environ 7000 euros», se souvient le trentenaire. «Tout le monde allait chez lui, on disait que c'était la promesse d'une embauche facile.»

Le jeune homme passe une rapide formation interne et, une fois en CDI… «découvre un monde». «Des conditions de travail comme je n'en avais jamais vu», confie-t-il aujourd'hui. Sous les tours de verre du siège social, une salle de sport, une cantine «digne d'un restaurant étoilé», des séminaires dans les plus beaux endroits. Ceux qui gravissent les échelons bénéficient d'une Mercedes de fonction. «Très vite, avec mes amis de Romans, on ne pensait plus qu'à la chance qu'on avait d'être là, au salaire, aux objectifs de l'entreprise», souffle Ahmed. «L'argent nous brûlait les doigts.»

Quelques années plus tôt, Ahmed et sa famille, qui résident alors dans le quartier de la Monnaie, ont vu comme les autres le siège social de l'entreprise pousser de terre. Un complexe immense, fait de plusieurs tours de verre, coincé entre une portion du périphérique et le quartier. Tout le monde sait que derrière, se trouve Sadri Fegaier, le fils d'une famille modeste de Chatuzange-le-Goubet, muni d'un BTS, parti d'une petite boutique de réparation de téléphones place Jean Jaurès à Romans, désormais PDG et milliardaire.

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