Nouveaux réacteurs nucléaires : Emmanuel Macron met EDF sous pression

Ce lundi matin, lors du Conseil de Politique Nucléaire (CPN) un «point d’étape» a été fait sur le programme visant à construire six réacteurs EPR2. L’occasion pour la présidence de la République de distribuer les bons et les mauvais points. EDF est ainsi prié d’accélérer sur le calendrier et de réduire ses coûts, avec pour objectif de «présenter d’ici la fin de l’année un chiffrage engageant, en coûts et en délais», fait savoir l’Élysée. Le groupe dirigé par Luc Rémont est appelé à «consolider la maîtrise industrielle du programme». Le message est clair : l’entreprise devra tenir son calendrier et ses devis. Tous ont en tête l’EPR de Flamanville et ses 13 ans de retard pour 12 milliards de surcoûts.

Le schéma de financement du programme EPR2 a été examiné, actant les grands principes qui étaient attendus, à savoir un prêt de l’État bonifié au moins la moitié des coûts de construction. L’électricité produite par les nouveaux réacteurs fera l’objet d’un contrat pour différence à 100 euros du MWh - quand le prix du marché est plus bas, l’entreprise perçoit une compensation et quand il est plus haut, elle reverse la différence. L’État et EDF doivent rapidement entamer des négociations avec Bruxelles. La part du prêt bonifié dans le financement total devrait notamment faire l’objet de négociations. Paris opte pour des modalités similaires à celle approuvée par la Commission européenne pour le nucléaire tchèque, qui bénéficie d’un prêt à taux zéro pendant la durée de la construction des réacteurs. L’objectif étant qu’EDF prenne en 2026 la décision finale d’investissement, véritable coût d’envoi du chantier de construction de la paire d’EPR2 de Penly (Normandie). Le premier réacteur devant entre en production «au plus tard» en 2038. EDF aurait donc dix ans pour le construire.

Renforcer la maîtrise du cycle du combustible

Le CPN s’est aussi penché sur la question de l’uranium, le combustible des centrales nucléaires. Orano reçoit des bons points, avec son programme «aval du futur», qui concerne l’entreposage des combustibles usés à la Hague et la poursuite du retraitement de l’uranium. Le chiffrage de ce chantier d’importance n’est pas connu, mais ses financeurs ont été désignés : EDF, le CEA et les services de l’État.

Enfin, l’innovation n’est pas oubliée, puisque le CPN demande à EDF, Framatome, Orano et au CEA de remettre à l’État des propositions sur un réacteur à neutrons rapides. Cette technologie permet de «boucler le cycle», c’est-à-dire réutiliser le même combustible en le retraitant indéfiniment. C’est un moyen de répondre aux besoins en souveraineté énergétique de la France et de résoudre le problème du stockage des déchets nucléaires. Dans cette logique d’innovation, le CPN a «confirmé le soutien de la France au développement des petits réacteurs modulaires». Les projets les plus avancés pourront discuter avec le CEA de la possibilité de s’implanter sur les sites de Marcoule et de Cadarache, qui ont l’immense avantage d’être déjà des sites nucléaires.