L'État de droit est «la condition de la démocratie», a rappelé jeudi 3 octobre le président du Conseil constitutionnel Laurent Fabius après que le ministre de l'Intérieur Bruno Retailleau eut affirmé que celui-ci n'était «pas intangible ni sacré».
«Nos démocraties ont besoin d'autorité, de sécurité et d'efficacité. Face aux attaques portées sur ces terrains, il importe de montrer concrètement qu'elles peuvent satisfaire ces exigences et le faire dans le respect de l'État de droit. L'État de droit est la condition de la démocratie et ne doit pas être confondu avec l'état du droit, qui, lui, bien sûr, peut être modifié», a déclaré Laurent Fabius en ouvrant la 8e édition de la Nuit du droit, consacrée à «la démocratie et le droit». Evoquant les «démocraties illibérales», le président de la plus haute juridiction française a rappelé que «le droit national, coupé des exigences démocratiques, y est instrumentalisé pour être retourné contre les démocraties et les libertés».
Ces propos interviennent après la polémique déclenchée par le nouveau ministre de l'Intérieur dans un entretien au Journal du Dimanche (JDD). «L'État de droit, ça n'est pas intangible ni sacré», avait affirmé Bruno Retailleau, ajoutant que «la source de l'État de droit, c'est la démocratie, c'est le peuple souverain». Face aux virulentes critiques de la gauche et du camp présidentiel, cette figure de la droite conservatrice, qui a multiplié les déclarations choc, en particulier sur l'immigration depuis son arrivée place Beauvau a ensuite regretté que ses propos aient été «instrumentalisés par de faux débats». «Bien sûr qu'il ne peut y avoir de démocratie sans État de droit, sans que la puissance publique ne respecte le droit et les libertés», a-t-il alors précisé.