XV de France : «Contre l’Irlande, ça va se jouer sur quelque chose qu’on n’a pas prévu…»

L’ambiance est-elle particulière avant cet Irlande-France, présentée comme la finale du tournoi ?
Patrick ARLETTAZ : La finale, ça voudrait dire qu’on n’aurait pas de match derrière (France-Ecosse, le 15 mars au Stade de France, NDLR). Donc non. Mais c’est un match important, oui… À fort enjeu. On n’a pas besoin de présenter l’Irlande, l’importance du rendez-vous. On est encore en capacité de remporter ce Tournoi, mais ça passe par une victoire à Dublin. On a tous cette ambition et on sait à quel point ça sera immensément difficile là-bas. Mais on veut relever ce défi.

Qu’est-ce qui fera la différence pour remporter ce choc ?
Il faudrait qu’on marque plus de points qu’eux (sourire). Comme sur tous les grands matchs, ça va se jouer sur quelque chose qu’on n’a pas prévu et qu’il faudra gérer le mieux possible. Souvent de tout petits détails. Parfois même chirurgicaux quand il s’agit de défense. Il y a aussi notre capacité à imposer notre jeu et à les faire douter. Les amener dans le money time, pouvoir être au contact dans les dix dernières minutes… Les Irlandais ont tendance à être assez froids dans ces moments-là, mais nous aussi. On les craint bien sûr, mais ça ne veut pas dire qu’on a peur d’eux. On sait la qualité de leur équipe, mais on connaît la nôtre aussi. On est donc impatients, excités de jouer ce match-là.

«On n’a pas beaucoup de doute sur la capacité de Romain Ntamack à faire un grand match à Dublin»

Face à l’Angleterre, entre autres, on a vu la fragilité de votre équipe sur les ballons hauts. Or c’est un point fort des Irlandais…
On travaille beaucoup ce secteur mais on a une marge de progression encore très importante. Il y a une prise de conscience de tous les joueurs que c’est un secteur de plus en plus important. Encore plus depuis l’interdiction des escortes. Et on sait que les Irlandais sont très performants là-dessus. Lowe et Hansen (les ailiers irlandais) sont très bons en l’air. Ce secteur est l’une des clés du match, bien évidemment. Il va falloir qu’on y soit performants si on veut ambitionner de faire un grand match à Dublin.

Vu les chasubles, Romain Ntamack va certainement débuter à l’ouverture à Dublin. Pourquoi ce choix ?
La compo d’équipe n’est pas encore tombée… Mais s’il joue avec le numéro 10 samedi, c’est qu’on est totalement confiants. Romain a l’habitude de ses grandes échéances, il travaille avec nous en continuité depuis cinq semaines. Et il est plutôt en forme. Il a totalement absorbé notre organisation offensive et défensive, on n’a pas de doute là-dessus. On n’a pas beaucoup de doute non plus sur sa capacité à faire un grand match à Dublin.

Notamment en défense…
Romain est un très bon défenseur. Donc un bon plaqueur. Mais aussi par sa capacité à identifier les cibles, à ne pas se faire éliminer. C’est indéniable qu’il est très bon défensivement. On attend qu’il nous apporte cette qualité-là aussi, bien sûr.

« Ça serait un peu téméraire de dire qu’on va dans le couloir le plus rapidement possible pour donner le ballon à Louis Bielle-Biarrey et qu’il traverse le terrain. »

La réussite de Louis Bielle-Biarrey, qui inscrit au moins un essai par match depuis la tournée de novembre, fait-elle un peu évoluer votre stratégie offensive ?
Évoluer la stratégie, je n’irai pas jusque-là… Ça serait un peu téméraire de dire qu’on va dans le couloir le plus rapidement possible pour lui donner le ballon et qu’il traverse le terrain. On n’en est pas là… Par contre, on sait qu’il peut transformer une action positive en une action d’essai. Ça, c’est une certitude. Ça nous permet, dès qu’il y a un décalage, de ne pas hésiter à chercher nos ailiers.

Quelles sont les qualités de ’’LBB’’ ?
Il cumule les qualités ! Il a cette fraîcheur et cette insouciance qu’amène sa jeunesse. En même temps, c’est un gros travailleur qui aime beaucoup le rugby, qui s’intéresse beaucoup, qui cherche. Et c’est un garçon qui est capable d’enchaîner les efforts à très haute intensité, mais de manière très rapide. Il peut faire 10-12 sprints à vitesse maximale en vingt minutes. Et ça, tout le monde n’en est pas capable. Donc, quand vous cumulez les trois, ça donne le joueur qu’il est. Et, effectivement, quand vous cumulez les trois, ce n’est pas surprenant qu’il marque à tous les matchs. C’est un joueur important pour nous.

Écarté pour l’Italie après sa performance mitigée face à l’Angleterre, Damian Penaud est de retour dans le XV de départ. Cela se fait-il sans heurts ?
Il y a eu des discussions, des explications, on ne l’a pas fait comme ça. Ce sont des joueurs qui sont suffisamment intelligents, qui connaissent le sport de haut niveau, qui connaissent le principe de l’équipe de France… Donc, il n’y a pas de problème. Le match de Théo (Attissogbe) à Rome fait se mobiliser tout le monde, montre que tout le monde doit être très performant dans cette équipe de France. C’est ce qu’on recherche parce que nous avons un impératif de résultat. Quand on est l’équipe de France, on a un impératif de performances, un impératif de beaucoup de choses. Mais Damian est quand même très souvent performant avec l’équipe de France depuis 4-5 ans…

Thierry Henry est passé dimanche rendre visite aux joueurs. Quels ont été ses mots ?
Il nous a encouragés, bien sûr. Mais c’était surtout un grand moment parce que c’est un personnage qui parle à plusieurs générations De la mienne à celle de Louis Bielle-Biarrey. L’écart est grand (sourire)… Il nous a parlé un peu de sa vie, de son expérience, et puis, en tant que sportif de haut niveau et sous les feux de l’actualité, de la presse, des commentateurs. Il a connu de grandes échéances sportives donc, fatalement, ça parle directement à nos joueurs. Et pas qu’à eux puisqu’il a également été entraîneur. Il a parlé à tout le monde. Il l’a fait avec beaucoup de sincérité, sans pudeur, en se lâchant pleinement. On a senti cette sincérité-là et je crois que ça a touché tout le monde. On ne peut que le remercier parce que c’est ce qu’on recherche quand on demande à des personnes inspirantes de venir témoigner. C’était un moment très spécial, très intense. Et très sympa.

Propos recueillis en conférence de presse