Guerre entre Israël et le Hamas : pourquoi l'accord pour la libération d'otages reste fragile
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Une lueur d'espoir, plus de six semaines après les attentats du 7 octobre en Israël et le début de la guerre entre l'Etat hébreu et le Hamas. Un accord pour la libération de plus de 50 otages a été trouvé, mercredi 22 novembre, en échange de prisonniers palestiniens détenus en Israël et d'une pause de quatre jours des hostilités dans la bande de Gaza.
Dans un communiqué, le gouvernement israélien a affirmé avoir "approuvé les grandes lignes de la première étape d'un accord selon lequel au moins 50 personnes enlevées – des femmes et des enfants – seront libérées pendant quatre jours, au cours desquels il y aura une accalmie dans les combats".
Peu après, les autorités qataries, au cœur des négociations, ont confirmé un accord pour une "pause humanitaire" dans la bande de Gaza. "Le début de cette pause sera annoncé dans les prochaines vingt-quatre heures", a précisé le ministère des Affaires étrangères qatari sur le réseau social X (anciennement Twitter).
L'annonce a été saluée à travers le monde et marque un tournant dans le conflit. Mais cet accord demeure fragile.
Parce que les combats reprendront après la trêve
Après cette "accalmie", "le gouvernement israélien, l'armée israélienne et les forces de sécurité poursuivront la guerre pour ramener toutes les personnes enlevées, éliminer le Hamas et garantir qu'il n'y ait plus aucune menace pour l'Etat d'Israël depuis Gaza", a souligné le gouvernement israélien après son vote en faveur de l'accord.
Les membres du cabinet de guerre israélien, mis en place dans la lignée des attaques du 7 octobre, ont d'ailleurs insisté sur ce point. A commencer par le Premier ministre Benyamin Nétanyahou : "Nous sommes en guerre et nous allons la poursuivre jusqu'à ce que nous atteignions tous nos objectifs : l'élimination du Hamas, le retour de tous nos otages et disparus et l'assurance que plus rien à Gaza ne menacera Israël."
"Dans une guerre, il y a des étapes, tout comme il y a des étapes dans la libération d'otages", a poursuivi le chef du gouvernement israélien. Des propos appuyés par les déclarations de Yoav Gallant, son ministre de la Défense. Mardi, ce dernier a assuré qu'il souhaitait une reprise "à pleine force" des opérations à Gaza après la trêve, afin de "défaire" le Hamas et de "créer les conditions nécessaires pour ramener à la maison d'autres otages".
"Sans cette pression continue [sur le Hamas], il n'y aura aucune chance" d'assurer la libération des autres otages, a défendu l'un des principaux responsables des opérations israéliennes dans l'enclave palestinienne. Benny Gantz, autre membre du cabinet de guerre, a ajouté que l'accord était "la base de la poursuite des efforts opérationnels nécessaires [à Gaza]", rapporte le journal Times of Israël.
Le Hamas entend aussi poursuivre les hostilités à l'issue de cette pause. "Nous confirmons que nos mains resteront sur la gâchette et que nos bataillons triomphants resteront aux aguets", a averti l'organisation à l'origine des attaques terroristes du 7 octobre.
Parce que le gouvernement apparaît divisé sur la question
Lors de la réunion du gouvernement israélien, dans la nuit de mardi à mercredi, l'armée mais aussi le Shin Bet et le Mossad, les deux agences de renseignement israéliennes, ont soutenu le projet d'accord. Il a finalement été approuvé par 35 voix contre 3, mais il a fait l'objet de diverses critiques au sein du gouvernement. Comme le souligne le Jerusalem Post, ceux qui s'y opposent craignent qu'il complique l'opération israélienne à Gaza, en plus de réduire les possibilités de prochaines libérations d'otages.
Le Parti national religieux, mouvement d'extrême droite, s'était dans un premier temps opposé au projet. Le mouvement du ministre des Finances israélien, Bezalel Smotrich, avait expliqué qu'un tel accord serait "mauvais pour la sécurité d'Israël, pour les otages et les soldats des forces de défense israéliennes", rapporte Times of Israël. A ses yeux, Israël devait continuer à faire pression jusqu'à l'obtention de la libération de tous les otages.
Le Hamas pourrait aussi, selon le parti, profiter de cette pause temporaire pour remobiliser ses forces et ses ressources ou attaquer des soldats israéliens. Finalement, la formation de Bezalel Smitrich s'est rangée derrière la majorité en faveur de l'accord. "Nous avons tous été convaincus que le retour des otages ferait progresser les objectifs de la guerre et que le gouvernement, le cabinet et l'ensemble du système de sécurité sont engagés sans réserve dans la poursuite de la guerre, jusqu'à la destruction du Hamas", a déclaré le ministre des Finances.
Un autre parti d'extrême droite, Otzma Yehudit, est toutefois resté opposé à l'accord. Les trois ministres qui appartiennent au mouvement ont voté contre. "Le Hamas voulait cette trêve plus que toute autre chose", a critiqué Itamar Ben Gvir, le ministre de la Sécurité nationale, sur X. Un accord "qui laisse une partie des enfants et des femmes [retenus] à Gaza n'est pas moral à mes yeux. (...) Il aurait pu et dû en être autrement", a-t-il estimé.
Enfin, des dissensions sont apparues au sein du Likoud, le parti du Premier ministre Benyamin Nétanyahou. Tous ses ministres ont voté en faveur de l'accord, mais Tally Gotliv, membre du parti et du Parlement, a décrit cette décision comme "une honte nationale, une humiliation".
Parce qu'une action en justice est envisagée en Israël
Après le vote de cet accord, les citoyens israéliens disposent d'une journée pour faire appel devant la Cour suprême, rapporte le quotidien Haaretz. Une association de victimes du terrorisme, Almagor, a déjà fait savoir qu'elle déposerait une demande pour s'opposer à la mise en œuvre de l'accord.
L'organisation a réclamé un accès à l'ensemble des engagements d'Israël envers le Hamas, notamment au sujet des pauses dans les combats. Elle souhaite aussi obtenir des informations sur "la livraison de carburant et d'autres fournitures qui pourraient aider le Hamas à mener des opérations de terrorisme contre les résidents d'Israël".
La Cour suprême risque néanmoins de rejeter ces demandes, comme elle a pu le faire dans le passé, souligne Times of Israël.