Des guitares partout, une grande table, des tableaux, des bougies, un coin cuisine, une fenêtre : le décor de scène de Benjamin Biolay ressemble à s’y méprendre à un intérieur cosy. Les éclairages sont bleus, couleur de son dernier album et la sono diffuse du Glenn Miller lorsque le héros du soir paraît, lunettes noires et costume sombre. «L’idée, c’était de vous inviter chez moi, de reconstituer une maison idéale avec des amis sur scène et du public dans la salle», précise-t-il après avoir interprété deux titres de sa dernière production en date, Le disque bleu, disque fleuve et intense.
Pour le premier versant de cette tournée, Benjamin Biolay a misé sur une instrumentation acoustique, inspirée par le deuxième volet de l’album bicéphale. Avec Pierre Jaconelli aux guitares, Laurent Vernerey à la contrebasse et David Donatien aux percussions, la rythmique est souple, et laisse le groove s’installer tranquillement. Deux musiciens additionnels, respectivement à la guitare et au charango et au violon et claviers, y ajoutent des touches harmoniques de bon goût.
Passer la publicitéBenjamin Biolay rappelle qu’une partie de ses nouvelles chansons a été enregistrée au Brésil. «On avait envie de retrouver ça dans le nord de la France» dit-il, faisant allusion aux frimas de ce dernier jour de novembre. L’homme est visiblement heureux d’être sur scène, et ému par l’accueil très chaleureux de la salle. Les compositions récentes s’incarnent à merveille dans cette formation hybride, qui fait résonner la musicalité de chaque texte. Entre deux chansons, Biolay s’essaie à raconter des histoires, avec une fragilité touchante. « Y a-t-il quelqu’un dans la salle qui sache écrire et que ne prenne pas trop cher ? J’ai besoin d’interventions écrites» s’amuse-t-il.
Hommage à Françoise Hardy et Serge Gainsbourg
Le chanteur évoque tendrement Françoise Hardy, qui avait contacté Biolay pour enregistrer son titre Des lendemains qui chantent, extrait de son album Négatif. Mais ce sont bien les nouveautés qui emportent la soirée. «On se demande toujours comment vont se tenir les chansons quand on les écrit. J’ai l’impression que celles-ci ont été bien élevées» déclare-t-il, visiblement satisfait. Il en profite pour se remémorer son premier concert parisien sous son nom, il y a tout juste 24 ans, et rejouer Les cerfs-volants, plus ancien titre de son répertoire.
Généreux et fidèle à son public, Benjamin Biolay reprend Couleur Café de Gainsbourg, précisant qu’il a été le premier chanteur français auquel cet amateur de rock anglo saxon a prêté attention dans l’enfance. Il nous gratifie aussi de deux de ses classiques : Jardin d’hiver et Ton héritage, devenus des standards de la chanson française.
Mon pays est une incursion discrète mais bien sentie au climat politique nauséabond de la France d’aujourd’hui, avec son message d’alerte «Tiens toi sage, mon vieux pays». Admirateur de longue date, François Hollande applaudit à l’unisson avec son épouse Julie Gayet. Benjamin Biolay interprète une belle version de La Superbe agrémentée d’une rythmique hip-hop jouée live par David Donatien, tandis que la jeune Gladys reprend la partie de cordes au violon solo.
L’incursion de Jeanne Cherhal, très glamour en robe à paillettes, est l’occasion de reprendre leur duo sur Où as-tu mis l’été, même si on aurait aimé qu’elle reste le temps de l’historique Brandt Rhapsodie. La chanson Les Passantes de Brassens est prolongée dans un arrangement hispanisant qui évoque Emilia Perez, dernier film de Jacques Audiard.
Passer la publicitéManière d’anticiper le volet électrique de sa tournée, qui commencera au printemps prochain, Biolay donne un rappel toutes guitares dehors, avec Soleil profond, meilleur titre de son dernier album, le très (trop?) Strokes Joues roses et Comment est ta peine, qui a aujourd’hui des allures de classique.