Pour désengorger l’accès à Monaco, un projet de «métro» à 1,2 milliard d’euros sur la table

Le Figaro Nice

La principauté de Monaco a publié un appel public à candidature, vendredi dernier dans son bulletin officiel, pour construire et exploiter une «liaison expresse souterraine» entre un parking relais frontalier situé à Èze (Alpes-Maritimes) et le centre-ville monégasque, au niveau de l’îlot Charles III et de la place d’Armes. Autrement dit, une sorte de «métro» entre la France et Monaco dans le but de désengorger l’axe routier vers la Principauté, très souvent saturé en provenance de Nice puisque toutes les voitures finissent par se retrouver sur cette seule voie.

Ce projet faramineux a été chiffré à 1,2 milliard d’euros et sa livraison est même espérée dans moins de dix ans. «Une durée de six à huit ans entre la signature du contrat et la mise en service du système de transport», peut-on lire dans le journal officiel monégasque.

Concrètement, le gouvernement princier imagine un parking d’environ 3500 places au niveau du lieu-dit de «La Brasca» situé entre Èze et La Turbie, des communes situées côté français à l’entrée de l’État-ville monégasque. Les automobilistes pourraient laisser leurs véhicules à cet endroit pour rejoindre une gare et emprunter cette navette souterraine jusqu’au centre-ville, où serait là aussi construite une station. Dans son appel à candidature, le gouvernement émet sa préférence pour un système «automatique» et précise qu’une capacité de 2400 passagers, «par heure et par sens» est exigée. Cela devrait aussi être extensible à 3600 voyageurs, ajoute-t-il, sans que ce train ne permette forcément le transport de marchandises.

«Extension ultérieure»

«Un prolongement de la ligne et la création d’autres stations au sein du territoire monégasque pourront être proposés», lit-on encore dans le document. Le gouvernement princier sous-entend donc qu’une «extension ultérieure, tant en France qu’à Monaco» serait possible, preuve de l’ambition du projet. Fin 2022, le maire de Nice, Christian Estrosi, avait déjà évoqué l’idée d’un «métro» entre la métropole azuréenne et la Principauté, sans que cela ne fasse consensus, notamment sur la possibilité réelle de réaliser de tels aménagements en raison de la configuration du territoire entre mer et roches.

Pour le lancement du chantier qui, s’il se concrétise, s’annonce colossal, la signature d’une convention bilatérale est envisagée, prévient le gouvernement princier. Celui-ci est désormais dirigé par Didier Guillaume, ancien ministre de l’Agriculture d’Emmanuel Macron dans le gouvernement d’Édouard Philippe (2018-2020).

Dans cet appel à candidature de sept pages, on comprend que l’entreprise sélectionnée devra gérer de A à Z le projet. Il est par exemple notifié que le candidat vainqueur devra obtenir «l’ensemble des autorisations nécessaires à la réalisation desdites constructions et infrastructures», comprendre, l’ensemble des études environnementales en lien avec les zones de travaux. «Certaines démarches ont d’ores et déjà été engagées par l’État de Monaco et devront être poursuivies», expliquent néanmoins les autorités, qui souhaitent aussi que les travaux ne perturbent pas encore un peu plus la circulation en surface.

Offre complémentaire

Autre contrainte, celle de laisser le site de «La Brasca» utilisable par l’automobile club de Monaco, qui sert notamment pour le rallye et le Grand Prix de Formule 1. Si le projet se réalise, le concepteur originel devra par la suite gérer le parc de stationnement et cette navette souterraine «dans toutes leurs composantes», préviennent encore les autorités monégasques, qui visent une durée d’exploitation entre dix et quinze ans.

Ambitieux ou démesuré, ce projet de «métro» qui ne dit pas son nom interroge quand, au même moment, la fréquence des trains express régionaux (TER) qui relient toutes les villes importantes de la Côte d’Azur, dont Monaco, va s’accélérer dans l’esprit d’un «RER métropolitain», toutes les quinze minutes, à partir du 15 décembre. Il n’empêche, la Principauté attire de plus en plus de travailleurs et peu d’entre eux peuvent résider à Monaco en raison de prix très élevés. Cette offre de transport en commun pourrait ainsi se révéler complémentaire.

En 2023, plus de 63.000 salariés ont été recensés pour ce petit pays indépendant de 208 hectares, qui ne compte qu’un peu plus de 36.000 habitants. Par jour, près de 15.000 véhicules circuleraient entre la France et Monaco, ce qui engendre de longs embouteillages, pouvant régulièrement dépasser l’heure de route pour à peine 20 kilomètres. Pour parcourir les six kilomètres entre «La Brasca» et la place d’Armes, plus d’une demi-heure peut être nécessaire.