Comment Donald Trump veut « réduire en cendres » le département de l’Éducation

« La démocratie américaine survivra-t-elle à 2024 ? » me demandais-je dans cette chronique en janvier 2024. Après les démissions successives des présidentes des universités de Harvard et de Pennsylvanie, j’étais préoccupée par les attaques fondamentales contre la liberté d’expression. Elles étaient alors accusées de ne pas réprimer assez durement les manifestations étudiantes sur leurs campus, toute expression de soutien à la population palestinienne étant qualifiée d’antisémitisme et de terrorisme.

Un cadre narratif que l’establishment démocrate a très largement contribué à élaborer, pour la plus grande satisfaction des républicains. Je concluais alors ma chronique ainsi : « Ces démissions couronnent un assaut conservateur violent et continu contre les avancées des minorités, l’analyse critique des questions raciales (…). Si l’université la plus puissante du pays n’a pas réussi à protéger sa présidente, le pire est à craindre dans le monde académique. »

Passage à 2025 : l’administration Trump a retiré 400 millions de dollars de subventions fédérales à Columbia à New York. Pourtant, l’université avait sévèrement puni ses étudiants, n’hésitant pas à les évacuer violemment avec l’aide de la police. C’est donc un message politique, une menace. Vous pensez que j’exagère ? Écoutez donc Christopher Rufo, penseur de la contre-révolution conservatrice, militant « anti-woke » à l’origine des attaques contre la « tyrannie » de la théorie critique de la race et des programmes DEI (diversité, équité, inclusion).

Dans un podcast du New York Times, il se « réjouit (…) de l’abolition des services DEI, une action parfaite, fantastique, forte, décisive ». Sans ambiguïté, Rufo explique que les universités sont le lieu du conditionnement des élites à penser en termes de diversité et que les programmes d’« affirmative action » ne sont que des concessions temporaires imposées par la loi sur les droits civiques. Les attaques de Ron DeSantis contre l’enseignement des questions raciales en Floride s’inscrivaient dans cette logique. C’était un laboratoire. Rufo se félicite donc des décisions de Trump.

Quelques jours avant la sanction contre Columbia, il encourageait le président américain à adopter une approche « maximaliste et (à) donner suite à la menace de coupe des fonds fédéraux, c’est-à-dire une menace de banqueroute… dans au moins un dossier symbolique », pour mettre les autres universités au pas. À genoux, Columbia multiplie et durcit ses représailles contre les étudiants.

La suite, c’est le démantèlement du ministère de l’Éducation, dont il faut « réduire en cendres » les programmes faisant la promotion des identités raciales ou de genre. La reprise en main idéologique de cette institution doit passer par le largage des employés, trop à gauche, et le placement de pions conservateurs, dévoués au projet de contre-révolution.

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