Intempéries : des élus de la Côte d’Azur réclament un audit de Météo-France
Le Figaro Nice
Quatre élus de poids des Alpes-Maritimes ont cosigné une tribune, samedi dans le quotidien régional Nice-Matin, pour demander un audit de Météo-France, établissement public en charge des prévisions météorologiques et climatiques dans le pays, auquel ils reprochent une «dégradation de la fiabilité par rapport à quelques années auparavant». «L’enjeu est aussi de savoir comment utiliser au mieux le budget de Météo-France de plus de 400 millions d’euros», soulignent Charles-Ange Ginésy, le président du département, Jean Leonetti, David Lisnard et Jérôme Viaud, les maires d’Antibes, Cannes et Grasse, mais aussi les présidents des différentes agglomérations.
D’importantes intempéries ont été annoncées, jeudi dernier, conséquence d’une alerte orange puis rouge émise dans la soirée. Dans l’ensemble du département, le préfet a décidé de la fermeture de tous les établissements scolaires et des crèches. Les centres commerciaux et autres établissements recevant du public ont aussi été contraints de baisser le rideau dès 18 heures. Le lendemain matin, «aucun incident majeur», insistent les élus, n’ont été à déplorer, contrairement à la Lozère et l’Ardèche. «Difficile, quand on se compare et alors que le degré d’alerte était le même, de trouver une similitude», ajoutent-ils, alors qu’ils s’étaient préparés au pire.
Le pire, la ville de Cannes l’a presque connu le 23 septembre lorsque ses rues avaient été soudainement inondées dans la matinée alors qu’une seule alerte jaune avait été notifiée. «52 millimètres en 25 minutes, soit une intensité horaire exceptionnelle, dévastant commerces et habitations», rappellent les élus en préambule de leur texte. Un épisode qui avait donné lieu à une passe d’armes entre David Lisnard et la ministre de la Transition écologique, Agnès Pannier-Runacher. Ils ont aussi évoqué l’alerte orange du 7 octobre, qui a entraîné le préfet à fermer les écoles pour, au final, peu de pluie et de dégâts.
«Préjudiciables»
«Ces situations sont préjudiciables», expliquent ces élus Les Républicains, qui y voient même un danger. «À force de crier au loup, les alertes, les codes couleurs qui ne servent plus qu’à alimenter les chaînes d’infos, seront banalisés», écrivent-ils, pointant le risque que «les citoyens n’y croiront plus, ne se protégeront plus, n’écouteront plus les consignes». D’un point de vue financier, «ces errances coûtent en temps, en argent, en moyens humains et en nerfs», poursuivent-ils, piquant au passage le gouvernement qui «enjoint les collectivités à réaliser des économies».
«France déclassée, malade de ses effets de bureaucratie», diagnostiquent-ils encore. Si la météo n’est pas une science exacte, comme l’avait rappelé le préfet Hugues Moutouh pour justifier ses décisions, «il est difficile de comprendre qu’en 2024, une telle marge d’erreur soit possible», s’agacent les élus azuréens pour justifier leur demande d’audit. «Il est devenu indispensable d’analyser de façon précise et objective le problème», exigent-ils.
«Crise» et «bouc émissaire»
Dans les Alpes-Maritimes, ces prévisions de fortes pluies et de probables inondations sont toujours prises avec l’angoisse de précédents douloureux, comme lors des inondations meurtrières de 2018 dans l’ouest du territoire ou encore la tempête Alex dans les vallées en 2020. Vendredi soir, c’est le fleuve du Magnan, à Nice, qui s’est rapidement gonflé et qui a, par endroits, débordé à cause d’un orage stationnaire inattendu. «Météo-France est en crise», a ainsi raillé le maire Christian Estrosi, visant la délocalisation des bureaux à Aix-en-Provence. «Nous avons fait face à des précisions météo très imprécises, voire faussées», a-t-il déploré sur son compte X.
Sur le réseau social, Météo-France a reçu quelques soutiens de scientifiques à la suite de ces critiques. «Depuis des lustres, on cherche des boucs émissaires au lieu de regarder la réalité des permis de construire en zone inondable, l’imperméabilisation et désormais le changement climatique, a réagi la géographe niçoise Magali Reghezza. On paie le prix de l’incurie passé». Le climatologue Christophe Cassou a également apporté son «soutien aux collègues de Météo-France».
Contactée par Le Figaro, la direction de Météo-France n’a pas souhaité faire de commentaire.