Trump menace d’inclure la TVA dans le calcul des droits de douane contre l’Europe
Donald Trump a confirmé ce samedi, sur son réseau Truth Social, son intention d’inclure dans le calcul des droits de douane les différentes taxes sur la valeur ajoutée (TVA) que paient les consommateurs européens sur les produits américains. Cette mesure, déjà évoquée, paraît plus que jamais à l’ordre du jour. Pourtant, «la TVA n’est pas une barrière tarifaire, puisqu’elle s’applique à tous les produits vendus en Europe, et pas seulement sur les produits importés. Elle n’a rien de discriminant», argumente Florence Pisani, économiste chez le gestionnaire d’actif Candriam et spécialiste des États-Unis.
Mais la feuille de route dévoilée par Donald Trump en fin de semaine dernière évoque un élargissement du calcul aux «barrières non tarifaires». Difficile pour le moment d’évaluer avec certitude le périmètre exact de cette seconde catégorie. «Si les États-Unis considèrent bel et bien la TVA comme une barrière aux produits américains, il faut s’attendre à une hausse des taxes douanières énormes», s’inquiète Florence Pisani.
En effet, le principe de réciprocité entraînerait une violente mise à niveau pour compenser les écarts de taxe. Si les citoyens américains s’acquittent eux aussi d’une «sales taxe» - autre impôt indirect sur la consommation - celle-ci est bien inférieure aux niveaux européens. L’économiste explique : «la sales taxe est en moyenne de 6% aux États-Unis, contre 20% en Europe». Il faudrait donc s’attendre à un ajustement de 14% des droits de douane rien que sur le segment de la TVA.
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Levier de négociation
La Taxe sur la valeur ajoutée (TVA) est une invention française, créée par Maurice Lauré et instaurée le 10 avril 1954. Cette taxe sur la consommation des ménages a révolutionné la fiscalité en permettant un prélèvement à chaque étape de la chaîne de production et de distribution, tout en restant neutre pour les entreprises. Rapidement déclinée dans le monde entier, elle est généralement considérée comme un atout pour l’exportation puisqu’elle ne s’applique plus sur les produits exportés. Ainsi, les voitures françaises vendues aux États-Unis ne génèrent pas de nouvelles recettes fiscales pour l’État français. Les produits importés, eux, en revanche, doivent l’intégrer à leur prix final, indépendamment de leur provenance.
Puisqu’elle s’applique même aux biens et services produits en Europe, «la TVA ne discrimine pas les produits en fonction de leur provenance, elle ne devrait donc pas être considérée comme une barrière aux exportations américaines», insiste Florence Pisani qui voit cette annonce comme un levier de négociation. Dans quel but ? Ailleurs, les États-Unis ont d’abord cherché à obtenir d’autres garanties. Par exemple, un accord sur les migrants illégaux avec la Colombie, ou encore la lutte contre le trafic de fentanyl avec le Canada. Mais l’Europe et la Chine sont «réellement dans le collimateur de Donald Trump», remarque-t-elle.
De telles déclarations de Donald Trump pourraient donc bien servir de justification pour préparer le rééquilibrage de la balance commerciale des États-Unis avec l’Europe. Ce dernier constituant avant tout une «source de revenus importants pour financer les baisses d’impôts coûteuses». «De plus, cette notion de “réciprocité” est très facile à comprendre et paraît, a priori, juste. Cela permet à Donald Trump de donner des gages simples et compréhensibles à sa base d’électeurs».