Quelle est cette nouvelle tendance en Chine qui consiste à adopter des «cailloux de compagnie» ?
Billes, cartes Pokémon, autocollants Panini, Tamagotchi... En France, dans les cours de récréation, les enfants se plongent chaque rentrée dans de nouvelles collections, répondant à la mode de leur époque. Mais à l’autre bout du monde, en Chine, les jeunes s’arrachent d’autres petits objets bien plus anodins : des cailloux. Comme le relaie Le Courrier International , qui reprend une information du quotidien singapourien Lianhe Zaobao , les banales petites pierres que l’on peut trouver en forêt sont devenues un véritable divertissement, et également un business, puisque certains sont capables de dépenser entre 1 et 7 euros pour acquérir les plus lisses et jolies.
Mais ces cailloux ne sont pas seulement utilisés comme de simples jouets. Selon Lianhe Zaobao, il s’agit là d’objets d’affection, à qui l’on peut parler comme à un chien, un chat ou un poisson rouge. Sur les réseaux sociaux, les passionnés parlent même de «galet de compagnie». Et pour cause : adopter un caillou est bien moins coûteux qu’entretenir un animal de compagnie. Pas de croquettes, pas de frais vétérinaires, pas de sorties sous la pluie pour l’emmener faire ses besoins, pas de poils à ramasser... «Avec les cailloux, on peut bavarder. Ils sont des compagnons parfaits pour satisfaire nos besoins affectifs», confie à nos confrères un détenteur de caillou domestique.
Des visages, vêtements et accessoires
Alors, pour rendre ces roches un peu plus «vivantes», leurs propriétaires leur donnent un prénom, leur collent de faux yeux et leur dessinent de faux nez et bouches. Nombreux sont les galets qui portent des mini-vêtements, de petits chapeaux, des lunettes et autres accessoires. Certains sont même maquillés. Un véritable passe-temps, si bien que des vidéos circulent pour apprendre à entretenir ces petits objets inanimés : en les nettoyant délicatement avec du savon et une brosse à dents, en leur appliquant des crèmes de beauté, en leur créant un petit cocon douillet sur de la ouate ou dans une boîte ou encore en les transportant dans des sacs à main confortables.
À l’inverse de ce que l’on pourrait penser, ces galets ne sont pas la nouvelle lubie des enfants. En effet, les propriétaires de cailloux domestiques sont généralement âgés de 25 à 30 ans. Nombre d’entre eux habitent Shanghai, et environ 80% sont des femmes, selon le site Taobao, qui a vu ses ventes augmenter de 246% en août dernier par rapport au mois précédent.
Une mode née aux États-Unis en 1975
Les Chinois ne sont toutefois pas à l’initiative de cette tendance. La mode des pierres domestiques est née il y a bien des années, aux États-Unis. En 1975, le Californien Gary Dahl, lance un nouveau concept : «Pet Rock». Dans de petites boîtes en carton à trous, à l’image de boîtes pour animaux, des galets importés de Rosarito Beach au Mexique sont customisés et vendus 3,95 $.Sur la boîte, de drôles d’instructions figurent : «Ouvrez la boîte prudemment. Ne sortez pas la pierre avant d’avoir lu les instructions». En l’espace de six mois, grâce à son concept, Gary Dahl devient millionnaire. Mais rapidement, la tendance «Pet Rock», jugée ridicule, s’éteint. La commercialisation des produits cesse à Noël 1975. Pourtant, aujourd’hui, les «Pet Rock» reviennent en force et sont vendus entre 4 et 25 $ sur la plateforme eBay. Et les produits sont consultés par des dizaines d’internautes chaque jour.
Des chiens en carton et des chats en noyaux de mangues
Si le retour de cette étrange mode en Asie peut surprendre, en réalité les jeunes chinois n’en sont pas à leur coup d’essai. En 2022, des chiens en carton fabriqués avec des emballages de toutes les couleurs faisaient leur apparition sur les campus universitaires, attachés en laisse. L’an dernier, d’autres jeunes s’amusaient à récupérer les noyaux de mangues entourés de poils pour colorier de faux visages et en faire de faux chiens et chats de compagnie.