Alpes-Maritimes : des élus «estrosistes» dénoncent la gestion financière «trompeuse» d’Éric Ciotti

Le Figaro Nice

La bataille des droites entre «Estrosistes» et «Ciottistes» se poursuit au sein du département des Alpes-Maritimes après le feuilleton du maintien d’Éric Ciotti dans la majorité Les Républicains malgré son alliance avec le Rassemblement national. Le groupe dissident de droite, composé d’élus proche de Christian Estrosi, a demandé la mise en place «immédiate» d’une mission d’information et d’évaluation concernant l’état des finances de la collectivité, domaine d’Éric Ciotti en tant que président de la commission concernée.

Ces douze élus - dont trois d’entre eux ont repris leur carte chez LR - ont dénoncé une gestion «trompeuse», «insincère», «irresponsable» et ont pointé «un trou financier de 80 millions d’euros», ce qui représente un «aveu d’échec» pour Joseph Ségura, président de ce groupe d’opposition et maire de Saint-Laurent-du-Var. Dans leur argumentaire, ils soulignent une surélévation des recettes fiscales liées aux droits de mutation à titre onéreux (DTMO), ce qui entraînerait ce déficit. Ils redoutent ainsi «des coupes drastiques» et pensent en premier lieu aux allocations du RSA, «affectant directement les plus vulnérables», insistent-ils.

«La situation était déjà critique. Elle devient catastrophique à la lumière du plan d’économies gouvernementales», s’alarment-ils en visant de nouveau Éric Ciotti, qui selon eux, «a dilapidé les fonds de réserve». Chose que conteste précisément le président de la collectivité, Charles-Ange Ginésy.

Affrontement sur les chiffres

Depuis deux ans, le député niçois ne cesse lui de dénoncer la dette de la ville et la métropole de Nice, gérées par Christian Estrosi, qu’il estime à 3 milliards d’euros, et entrevoit les élections municipales de 2026 comme l’heure des comptes pour le contribuable niçois. Cet affrontement sur les chiffres va donc se prolonger à l’échelle du département des Alpes-Maritimes, fief dans lequel il reste influent. «Pour atteindre l’équilibre, il faudra procéder à une réduction massive des dépenses et à des sacrifices majeurs», s’inquiètent encore les élus du camp Estrosi, énumérant «des décisions qui sacrifieront les familles, les jeunes, les personnes en perte d’autonomie ainsi que les services publics essentiels».

La baisse des DTMO à hauteur de 80 millions d’euros, que ne conteste pas le président du conseil départemental maralpin, «ne nous empêche pas d’aller de l’avant et d’investir», a-t-il juré lors de la séance plénière, vendredi dernier. Selon lui, «tout est compensé». Il évoque alors les reprises des droits de mutation (50 millions), celle de la provision (30 millions) et celle de l’excédent cumulé (24,5 millions), chose à laquelle ne croit pas l’opposition, qui exige une sorte d’audit et qui assure que le département des Alpes-Maritimes est le cinquième le plus endetté de France.

«En nous appuyant sur un budget sincère, géré au cordeau avec une rigueur qui nous permet depuis des années de déjouer les mauvaises surprises, nous faisons face à nos responsabilités», a affirmé Charles-Ange Ginésy lors de sa prise de parole, dans laquelle il a justifié le choix de maintenir Éric Ciotti et ses proches dans la majorité LR, au nom d’un «patriotisme départemental». «On ne va pas se laisser guider notre conduite par ceux qui ont ruiné la ville de Nice», avait raillé Éric Ciotti auprès des journalistes.