«La République, c’est elle ! » : quand Jean-Luc Mélenchon salue Rima Hassan, toujours retenue en Israël
Depuis l’interception du bateau Madleen par l’armée israélienne dans la nuit de dimanche à lundi, alors qu’il tentait de rallier la bande de Gaza pour «briser le blocus» imposé par l’État hébreu sur l’enclave, Jean-Luc Mélenchon a durci le ton. Et ne cesse de saluer le courage de l’eurodéputée insoumise Rima Hassan, présente à bord du voilier, affrété par la Coalition de la flottille pour la liberté - un mouvement international en soutien aux Palestiniens. Elle avait embarqué aux côtés de onze autres activistes propalestiniens, dont le Brésilien Thiago Avila, qui s’était rendu en février au Liban pour assister aux funérailles d’Hassan Nasrallah, ex-leader du Hezbollah tué en septembre dernier dans une frappe israélienne.
Tandis que quatre militants du bateau - parmi lesquels la figure écologiste suédoise Greta Thunberg, deux Français et un Espagnol - ont pu regagner leur pays après avoir accepté d’être expulsés mardi par l’État juif, huit autres ont refusé de signer un document autorisant leur renvoi, contestant être entrés illégalement sur le territoire israélien, selon l’ONG de défense des droits humains Adalah. Parmi eux figurent quatre Français, dont Rima Hassan, qui seront finalement expulsés jeudi et vendredi, a annoncé le Quai d’Orsay - autant de personnes passées sous statut «d’immigré illégal», a indiqué l’ambassadeur israélien à Paris.
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D’ici au retour de l’Insoumise, prévue le soir du 12 juin, sa famille politique fait bloc. En première ligne dans la défense de la cause palestinienne, Jean-Luc Mélenchon a contesté mercredi soir la version, pourtant concordante, des sources diplomatiques : «Elle (Rima Hassan) ne refuse pas de s’en aller, elle refuse de signer le papier, parce qu’elle n’est pas venue pour capituler mais pour dire “Free Palestine !”», a-t-il déclaré lors d’un meeting à Rouen (Seine-Maritime), dénonçant une nouvelle fois l’action militaire d’Israël contre le Hamas, en réponse aux attaques terroristes du 7 octobre 2023, qu’il qualifie de «génocide».
L’occasion pour le triple candidat à la présidentielle d’évoquer le caractère «sacré» de «la personne de Rima Hassan» en raison de sa qualité de «députée de peuple français». «La République, c’est elle», a-t-il lancé malicieusement, déclenchant de vifs applaudissements dans l’auditoire. Une allusion claire à sa célèbre formule prononcée en octobre 2018 face à des policiers, venus perquisitionner le siège de LFI.
Hassan placée momentanément à l’isolement
Félicitant Rima Hassan d’avoir inscrit le slogan «Free Palestine» sur les murs de sa cellule, dans un centre de rétention près de l’aéroport de Tel-Aviv - un geste qui, selon l’ONG Adalah, lui aurait valu un placement temporaire à l’isolement -, Jean-Luc Mélenchon a salué le «courage» de sa protégée et le fait qu’elle «ouvre le chemin». «Je l’admire, je ne sais pas si j’aurais eu ce courage», a-t-il proclamé, avançant que l’eurodéputée a «commencé une grève de la faim» en signe de protestation.
Si le retour de Rima Hassan dans l’Hexagone est annoncé pour jeudi soir, le leader de La France Insoumise, extrêmement méfiant, reste sur ses gardes. «Nous ne croyons rien venant de l’ennemi, a-t-il martelé à la tribune. Tant que nous ne l’aurons pas vu à Paris, sur le sol de France, nous ne croyons personne, nous ne les croyons jamais parce qu’ils sont capables de tout pour désorganiser.»