Incarcéré depuis 28 ans, l’escroc en série récidive 45 minutes seulement après sa libération

Il n’aura pas tenu longtemps avant de replonger. Achref S., 47 ans dont 28 passés en détention pour avoir notamment escroqué des personnes âgées, a récidivé 45 minutes seulement après sa libération conditionnelle, selon nos confrères du Parisien  ce mardi 11 août. L’homme, spécialiste du vol de carte bleue, ne pourra désormais sortir de prison qu’en 2049, à l’âge de 71 ans.

Ce Marseillais d’origine tunisienne a été incarcéré pour la première fois en 1997, alors qu’il n’était âgé que de 18 ans. Mais les murs de la prison ne l’empêchent pas de fauter à nouveau: il tente de s’évader à plusieurs reprises, et poursuit même ses escroqueries depuis sa cellule. Sa peine s’alourdit à chaque méfait, tant et si bien qu’au total, son palmarès judiciaire s’élève aujourd’hui à 57 condamnations.

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Liste des «Andrée»

Si Achref S. voit sa peine constamment prolongée, ce n’est pas à cause de son comportement en prison, où il est qualifié de «poli», mais en raison de la gravité de ses méfaits. En 2011, alors qu’il était détenu à Fresnes, il demande à une complice de lui fournir la liste des numéros de téléphone de toutes les femmes nommées Andrée et résidant dans le 9e arrondissement, estimant que le prénom «Andrée», commun dans les années 1920 mais très rare dans les années 2000, était associé à une personne âgée et donc facile à arnaquer.

Au bout du fil, il exige des transferts de fonds en se faisant notamment passer pour un lieutenant de police. L’une d’elles, Andrée B., 72 ans, lui transfère même 45.000 euros sur son compte, croyant que son argent pouvait aider les autorités à résoudre une enquête dans laquelle elle aurait été victime.

Il poursuit ses méfaits jusqu’en juin 2021, où il écope de huit ans de prison pour avoir détourné 1,5 million d’euros depuis la prison de Châteaudun, après des faits identiques en Seine-et-Marne, à Nanterre ou à Osny. Achref S. se spécialise parallèlement dans le blanchiment de ses fonds, toujours depuis sa cellule: il achète de l’or, réinjecte ses fonds dans des commerces légaux acquis avec des complices... Derrière les barreaux, il règle également ses factures et ses loyers, organise des voyages pour ses proches ou expédie des fleurs à sa compagne.

«Je n’ai pas su me contrôler»

Malgré son pedigree, Achref S. fait montre d’un vrai talent dans les études. En prison, il obtient plusieurs diplômes: un BEP comptabilité, un CAP boulangerie et cuisine, une capacité en droit... Il suivait dernièrement une licence par correspondance à la fac de Rouen. Un profil qui lui permet d’obtenir le feu vert des services judiciaires pour une libération conditionnelle en mai dernier. Mais 45 minutes plus tard seulement, il récidive et dérobe une carte bleue. La première d’une longue série.

«Je n’ai pas su me contrôler, je pensais avoir fait un travail sur moi...», a justifié Achref S. lors de son jugement, en juin dernier. «À chaque fois que j’approche de la sortie, je gâche tout. Je fais des escroqueries pour ne pas sortir.» À croire que le Marseillais se sent mieux en cellule qu’à l’air libre.