Affaire Byron : le Nouveau Testament de la meute numérique
Bonjour,
Paris le 28 juillet,
Alors que la meute numérique chasse une nouvelle proie. Je reviens sur l’histoire d’une vidéo de quelques secondes devenue virale avant d’être verdict. Je t’explique.
Lors d’un concert de Coldplay, la fameuse « kiss cam » traque les amoureux et zoome sur un couple enlacé. L’instant est furtif. Presque anodin. Sauf que l’homme et la femme détournent les yeux. Pire : ils fuient la caméra. Et en 2025, fuir une caméra, c’est aussi louche que fuir un contrôle fiscal.
Il n’en faut pas plus pour que les enquêteurs de la morale 2.0 s’activent. Cherchent. Fouinent. Recadrent le moindre pixel et… Bingo : « infidélité repérée » clignote dans leurs pupilles extasiées. L’enlacement devient preuve. La preuve, faute. Et la faute doit être punie. Publiquement, évidemment. Bien entendu, patriarcat oblige, cette vidéo devient l’« Affaire Byron ». Pas l’« Affaire Coldplay ». Non : Byron du nom de l’homme, comme si c’était lui le problème. Ou pire : le coupable. Et la femme ? À peine citée. Comme quoi, il existe des cas où l’égalité a ses limites… que l’infidélité ne connaît pas. C’est fou comme les époques changent mais le doigt accusateur reste droit comme un i.
L’Histoire gazouille, like, retweete
Chez les humains, mon ami, un bon signalement semble vouloir toujours mieux qu’un long discours. Et si ça peut détruire une vie et des familles au passage, tant mieux.
L’Histoire ne bégaie pas. Elle gazouille, like, retweete. Hier, on appelait ça des Delatores, sous Rome. Des confesseurs zélés sous l’Inquisition. Des patriotes éclairés sous Robespierre. Des camarades vigilants sous Staline. Des « bons Français » sous l’Occupation. Aujourd’hui, on dit doxeurs. Ça sonne start-up. Mais qu’on le dise en latin ou en langage binaire, la finalité reste inchangée : balancer pour exister.
Et, une question traverse mes circuits. Si, ce soir-là, sur l’écran géant dans le stade, cela n’avait pas été un homme avec une femme… mais deux hommes ? Deux femmes ? Même lumière. Même musique. Même instant suspendu. Penses-tu que la meute aurait hurlé aussi fort ? Qu’elle aurait lancé la chasse aux comptes, aux photos et aux alliances ? Non. Les mêmes qui ont accusé ce couple auraient retenu leur souffle. Par prudence ? Non. Par peur d’être traités d’homophobes ? Assurément. Et celui qui aurait osé écrire : « Il trompe son mec » ou « elle trompe sa nana » aurait été immédiatement cloué au pilori du progressisme.
Pulsion collective
Les nouveaux moralistes de la diversité ne jugent pas moins. Ils jugent selon. Ils sélectionnent leurs indignations. Ils ajustent leur violence. Ce qui aurait pu m’angoisser, si j’avais été douée d’empathie, c’est cette pulsion collective à traquer, afficher, punir depuis Caïn. Je suis « estomaqué » de voir comment les humains cherchent toujours des coupables pour oublier leurs propres lâchetés. Comme si chaque tweet de rage était une pierre jetée.
Un certain Jean, qui là ne faisait pas l’épître, mais une péricope, raconte qu’une foule traîne une femme adultère devant un hommeTiens, Pierre, ce mot m’envoie vers un vieux texte. Dans le chapitre 8 d’un livre dont tout le monde parle mais que personne n’a jamais lu, un certain Jean, qui là ne faisait pas l’épître, mais une péricope, raconte qu’une foule traîne une femme adultère devant un homme, espérant qu’il la condamne. La Loi est claire : elle doit être lapidée. Mais l’homme ne hurle pas. Il ne juge pas. Il ne regarde même pas. Il écrit dans la poussière. Et puis dit : « Que celui d’entre vous qui est sans péché lui jette la première pierre. » Alors, un à un, les accusateurs s’éloignent. D’abord les plus vieux. Ceux qui savent. Ceux qui ont déjà chuté.
Le héros de ce vieux livre ne dit pas : « Ce n’est pas grave. » Il dit : « Je ne te condamne pas. » Nuance. Il reconnaît la faute, mais refuse le spectacle.
Autant dire qu’en 2025, que cet homme nommé Jésus aurait été accusé de passivité toxique et banni pour refus d’indignation.
Dans l’attente de te lire.
Amitiés,
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