Astéroïde YR4 : comment la Terre se prépare face à ces risques de collision
Alors que la probabilité que l’astéroïde 2024 YR4 frappe la Terre a été revue à la hausse et dépasse désormais 3,1 %, les agences spatiales travaillent depuis plusieurs années à défendre notre planète contre ces risques de collision. Cette prévision à propos de l’astéroïde YR4 est pour le moment fondée sur des données préliminaires et amenée à évoluer - probablement à la baisse - dans les semaines et mois qui viennent, insistent des experts interrogés par l’AFP.
Le chef du bureau de défense planétaire de l’Agence spatiale européenne (ESA), Richard Moissl, tient à rappeler que «nous ne sommes pas sans défense» même dans le cas hypothétique où la probabilité d’une collision grimperait à 100%.
Pour tester la défense planétaire contre ce type de danger, la Nasa a délibérément envoyé en 2022 un vaisseau percuter Dimorphos, un astéroïde de 160 mètres de diamètre qui ne représentait pas de danger pour la Terre. La mission DART est effectivement parvenue à déplacer l’astéroïde et une autre mission, Hera, a décollé en octobre dernier pour étudier les effets de l’impact sur sa structure. C’est une des possibilités étudier afin de percuter YR4 à plusieurs reprises, en observant à chaque fois la façon dont cela affecte sa trajectoire, estime Bruce Betts, scientifique de l’organisation américaine Planetary Society.
Tracteur, flux d’ions ou «effet Yarkovsky»
Des méthodes plus subtiles, qui nécessitent une intervention suffisamment précoce, ont été envisagées par les scientifiques. L’une d’elles, appelée «tracteur gravitationnel», consiste à envoyer un grand vaisseau à proximité du corps céleste et utiliser l’attraction gravitationnelle pour modifier son orbite, cela évite de le toucher.
Une stratégie alternative serait de placer à faible distance de l’astéroïde un engin spatial équipé de propulseurs qui éjecteraient «un flux constant d’ions» ayant aussi pour effet de dévier sa trajectoire, indique le chef du bureau de défense planétaire de l’ESA.
Autre méthode douce: peindre en blanc une des faces du corps céleste pour utiliser l’«effet Yarkovsky», une très faible poussée produite par l’écart entre l’absorption solaire et l’émission thermique par rayonnement. Cette option-là modifierait aussi légèrement sa trajectoire.
Les armes nucléaires comme dernier ressort
L’année dernière, des chercheurs américains ont testé en laboratoire sur une maquette d’astéroïde de la taille d’une bille la possibilité de faire exploser une bombe nucléaire à proximité. Ce qui aurait pour effet de vaporiser sa surface et de le propulser dans la direction opposée. Envoyer des armes nucléaires dans l’espace est considéré comme une solution de dernier ressort pour faire face à des astéroïdes d’au moins un kilomètre de diamètre, susceptibles de déclencher une catastrophe globale comme l’extinction des dinosaures.
Une idée similaire consiste à bombarder l’astéroïde avec des faisceaux laser depuis un engin spatial pour vaporiser une de ses faces et le repousser. Des expériences menées en laboratoire suggèrent que cette méthode est viable mais elle ne fait pas partie des «techniques principales» étudiées, selon le scientifique de Planetary Society.
Si cela s’avère nécessaire, dévier YR4 est donc «faisable, mais cela dépend de la rapidité avec laquelle nous agissons en tant que planète», souligne Richard Moissl. Le responsable de l’ESA estime tout de même que «sept ans et demi, c’est long pour se préparer» et rappelle qu’il y a environ 97% de chances que l’astéroïde manque la Terre. Les agences spatiales et les scientifiques émettront des recommandations, mais la décision finale sur la manière de gérer l’objet reviendrait aux dirigeants mondiaux.