«Je savais que j’allais être viré un jour, mais par une Arabe c’est ch...t» : Merwane Benlazar, licencié de France 5 par Rachida Dati, répond aux «racistes»

«Alors... vous avez passé une bonne semaine, vous ?» s’interroge Merwane Benlazar en arrivant sur la scène de l’Européen, déclenchant les rires et les applaudissements. Dans ce théâtre du nord-ouest de Paris, l’humoriste viré de France 5 par Rachida Dati, la ministre de la Culture en personne, a donné une représentation ce jeudi 7 février afin de régler leurs comptes aux «racistes». Ceux-là, déplore-t-il dans ce sketch de douze minutes disponible sur les réseaux sociaux, l’auraient accusé d’être un islamiste misogyne sous le seul prétexte de son attifement lors de sa première chronique télévisée et de tweets humoristiques exhumés et détournés de leur sens premier à des fins malveillantes.

Le 31 janvier, Merwane Benlazar, chroniqueur à la radio, sur France Inter, apparaissait pour la première fois sur le petit écran, dans l’émission C à vous sur France 5. Sitôt diffusée, sa chronique a suscité le «buzz», la controverse et autres synonymes. Non pour son contenu - football, Manuel Valls, les riches sont trop riches - mais pour l’allure de son interprète. Benlazar est apparu en sweat large, barbe longue, bonnet. Le premier a été assimilé à une djellaba, le second à une barbe salafiste, le troisième à une chechia par de nombreux commentateurs dont la députée européenne Nathalie Loiseau qui s’est indignée «au nom de toutes les femmes, de leur liberté, de leurs droits chèrement gagnés ici et bafoués par les islamistes partout à travers le monde». Les messages outrés et insultants se sont répandus. Jusqu’aux oreilles donc de Rachida Dati. «Je savais que j’allais être viré un jour, mais par une Arabe c’est chiant», raille Benlazar dans sa réponse filmée.

«J’avais peur pour ma famille»

Sur le plan strictement stylistique de l’affaire, l’humoriste précise s’être accoutré de la sorte car sa femme apprécie ce pull qui lui donnerait l’air «d’un Coréen». Le «bonnet de docker» a, lui, remplacé la casquette par laquelle il dissimule à l’ordinaire sa calvitie mais qui, selon sa femme toujours, «fait banlieue». Mieux valait donc, s’esclaffe Benlazar, avoir l’air d’un «bobo de merde». «Ça fera taire les racistes», avait assuré l’épouse. Résultat des courses : «De vendredi à lundi matin, j’ai eu que des insultes. 10 à 15 messages par minute. Moi je m’en fous, j’ai éteint mon téléphone. Mais j’avais peur pour ma famille», a raconté le comique.

Je rigole, elle a pas le droit de travailler !

Une des vannes de Merwane Benlazar dans son nouveau sketch

En ce qui concerne les tweets, il y aurait également maldonne. Fouillant dans les comptes de Benlazar, les «racistes» y auraient choisi des morceaux de conversation afin de le présenter en dangereux rétrograde. Ce tweet par exemple, adressé à une jeune femme en 2021 «t’étais encore en club alors que la place d’une femme est auprès de son père. Crains ton seigneur. Blâme pas le frère de chez UPS», est en fait issu d’un contexte où il draguait «maladroitement». La jeune femme avait manqué une livraison UPS. Si elle était restée à la maison, elle aurait eu le colis. Voilà le fond de la vanne.

Quid des messages du même tonneau - «Une femme pour me faire à manger» ; «mes frères en islam, qu’Allah vous éloigne des femmes arabes à 10.000km» ; «Les femmes, sans le ménage, vous seriez des grosses» ? Humour là encore. Benlazar se défend d’être misogyne et son épouse a évidemment «le droit de sortir» de la maison. «Pour aller au travail», plaisante-t-il dans son sketch sous les rires du public avant d’ajouter : «Je rigole, elle a pas le droit de travailler !»

Une partie des tweets de Merwane Benlazar Capture du réseau social X

Le sketch, malin et amusant, esquive toutefois le sujet de fond. Merwane Benlazar a l’air de ne pas comprendre que, dans un pays meurtri à plusieurs reprises par des attentats islamistes, voir un homme jouer avec les codes vestimentaires de l’islam identitaire sur le service public puisse choquer. Surtout s’il est déjà arrivé à celui-ci de puiser dans du contenu salafiste, issu du site salafislam.fr, pour répondre publiquement à une de ses connaissances - ce tweet est l’un de ceux exhumés par les «racistes» mais l’humoriste ne l’a pas commenté.

Si parmi les messages qu’il a reçus beaucoup n’étaient «que» racistes, de nombreux autres exprimaient une inquiétude sincère. Pour lui, cette affaire est l’occasion de défendre tous «les centaines d’Arabes» qui tous les jours sont «renvoyés parce qu’ils n’ont pas mis le bon pull».