Mozambique LNG : des chefs locaux et 66 ONG en appellent à l’ONU pour faire la lumière sur le massacre d’Afugni, commis sur le site de TotalEnergies
Dans un village de la péninsule d’Afungi, entre juillet et septembre 2021, des soldats chargés de la protection du site de Mozambique LNG de TotalEnergies se rendaient coupables d’un véritable massacre de civils, révélait une enquête publiée fin septembre 2024 par le média Politico.
Quatre ans après ce bain de sang, des chefs locaux et 66 ONG mozambicaines et internationales, parmi lesquelles figurent Reclaim Finance ou les Amis de la Terre, publient une lettre ouverte ce jeudi 17 juillet, pour demander l’ouverture d’une enquête indépendante sous l’égide du Haut-Commissariat des Nations Unies aux droits de l’homme (HCDH) sur ces « graves violations des droits humains ».
Tandis que TotalEnergies affirmait n’avoir aucune connaissance de ce massacre commis par la Joint Task Force, une alliance de forces armées mozambicaines, Le Monde dévoilait en novembre 2024 que l’entreprise française était au fait des exactions commises. Les documents internes révélés par le quotidien démontraient même que le groupe énergétique avait délibérément continué de rémunérer certains soldats incriminés, et ce pendant deux ans.
80 à 150 victimes n’ont pas été identifiées
Au total, 97 personnes ont été tuées, dont 75 hommes et 22 femmes. Parmi les personnes identifiées, 26 ont été enlevées ou ont disparu, 12 sont mortes dans des containers, 10 auraient été tuées par balle, 9 auraient été battues à mort, et 40 seraient mortes dans d’« autres circonstances ». « Ces données sont partielles : il y a 80 à 150 victimes supplémentaires qui n’ont pas été identifiées », estimait le journaliste Alexander Perry, qui a dévoilé l’affaire.
De fait, si des enquêtes conduites par des acteurs tels que la Commission nationale des droits de l’homme du Mozambique, ou bien le procureur général du Mozambique, ont bien été annoncées, les auteurs de la lettre ouverte estiment toutefois « qu’aucune des initiatives en cours n’est adéquate et suffisante pour garantir une enquête totalement indépendante et transparente ».
L’ouverture d’une enquête menée par le Haut-Commissariat des Nations Unies aux droits de l’homme « est nécessaire pour garantir un processus équitable, impartial, sûr et centré sur les victimes », estiment-ils, ajoutant que « contrairement aux autres initiatives, les victimes et les communautés affectées font confiance à une telle enquête pour leur rendre justice et faire en sorte que les responsables répondent de leurs actes ».
Rappelons que le Crédit Agricole et la Société Générale soutiennent le projet Mozambique LNG. Malgré la découverte de ces informations, les entreprises bancaires n’ont pas jugé opportun de s’en retirer, malgré les appels des organisations et des citoyens.
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