« 50 % des seniors déclarent avoir connu des relations de travail dévalorisantes » : le chantier de la lutte contre l’âgisme commence tout juste
Assiste-t-on à un début de mobilisation des entreprises concernant les discriminations liées à l’âge ? « Depuis deux ans, dans les demandes des grandes entreprises, la question des générations monte. Les missions de conseil qui nous sont confiées, majoritairement par les directions générales, portent à la fois sur l’accompagnement des seniors, la déconstruction des stéréotypes liés à l’âge et la manière de faire travailler ensemble des collaborateurs de générations différentes », raconte Pascale Hardy-Amargil, fondatrice de Yes we are, agence de conseil et de communication sur la diversité et l’inclusion.
Il faut dire que, sur les deux premiers thèmes, il y a du travail. En 2024, le Défenseur des droits et l’Organisation internationale du travail (OIT) ont consacré leur 17e baromètre à la perception et aux expériences des discriminations vécues par les personnes de 50 ans et plus au travail. Un quart des seniors au chômage déclarent qu’on leur a déjà fait comprendre qu’ils étaient trop âgés pour le poste lors d’un entretien d’embauche.
Les étrangers et les femmes plus exposés à l’âgisme
L’âgisme, défini par l’Organisation mondiale de la santé (OMS) comme un processus de stéréotypage systématique et de discrimination contre les personnes en raison de leur âge, est bien plus large. En effet, 50 % des seniors déclarent avoir connu des relations de travail dévalorisantes au cours des cinq dernières années. Sans surprise, les seniors étrangers (43 % contre 22 %) et les femmes sont plus exposés à l’âgisme (26 % contre 22 % pour les hommes). Face à ces situations, les entreprises ne brillent pas par leur action. Seul un salarié sur deux de plus de 50 ans ayant évoqué les difficultés au travail liées à l’âge a eu le sentiment d’être écouté.
Agir contre les discriminations subies par les travailleurs seniors commence par les mesurer. « Il est important d’avoir les bons indicateurs, notamment ne pas se contenter de la pyramide des âges, mais mesurer la proportion de salariés seniors à tous les niveaux de l’entreprise, se pencher sur les temps partiels, l’accès à la formation », détaille Pascale Hardy-Amargil.
Les seniors restent trop souvent oubliés des plans de formation. Selon l’Insee, en 2022, en France, 47 % des adultes ayant terminé leur formation initiale ont suivi une formation, mais seulement 24 % des 55-64 ans. « Les salariés seniors sont invisibilisés dans la communication des entreprises, qu’elle soit interne mais aussi celle liée à la marque employeur. On ne voit pas de salarié senior dans les capsules vidéo où des collaborateurs parlent de leur métier sur les sites Internet des entreprises ou les pages LinkedIn, or ce qui ne se voit pas n’existe pas », relève Pascale Hardy-Amargil.
Ce sont aussi les stéréotypes dévalorisant les seniors qui doivent être combattus. « Ils sont supposés non adaptables, incapables d’être managés par des plus jeunes et avec une mauvaise connaissance des outils digitaux, autant d’affirmations caricaturales », détaille-t-elle en pointant au contraire « l’intelligence situationnelle développée par celles et ceux qui ont à multiples reprises changé de poste ».
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