Le lapsus d’Anne Hidalgo qui gâche le lancement de campagne de son dauphin

Tous les ingrédients étaient réunis pour un lancement de campagne réussi autour de Rémi Féraud, le candidat socialiste choisi par Anne Hidalgo pour lui succéder à la mairie de Paris en 2026. Un bataillon d’élus locaux a fait le déplacement, dont plusieurs maires d’arrondissement ; les journalistes se sont pressés pour observer la plongée dans le grand bain du dauphin encore méconnu ; même le soleil brillait de mille feux dans le ciel automnal du XXe arrondissement de la capitale. Mais c’était sans compter sur une grosse bourde de l’autoproclamée «reine des lapsus», en sus de sa qualité de première édile, Anne Hidalgo.

Au moment d’offrir à son successeur espéré son écharpe porte-bonheur, «talisman», qui lui a paraît-il porté chance lors de sa dernière campagne victorieuse des municipales, la maire de Paris déclare : «Certains peuvent rassembler plus que d’autres. C’est le cas d’Emmanuel Grégoire». La foule fait les gros yeux, partagée entre hilarité (des journalistes) et crispation (de l’équipe municipale). «Euh, je veux dire Rémi Féraud», se reprend l’oratrice dans un sourire gêné. Il faut dire qu’Emmanuel Grégoire n’est autre que le candidat dissident à la mairie de Paris, celui-là même qu’Anne Hidalgo aimerait voir renoncer dans la course au profit de son protégé Rémi Féraud.

«Instrument d’une vengeance»

La maire a préféré en rire. «Au moins, cela fera parler de l’évènement», a-t-elle pronostiqué au moment où les photographes prenaient la photo de famille. Au-delà du lapsus malheureux, le ton employé pour évoquer la candidature de l’ancien premier adjoint devenu député après une rupture unilatérale cet été avec la maire de Paris a été notoirement sympathique. Anne Hidalgo s’est même adressé directement à lui à travers les quelques caméras. «Viens avec nous !», a-t-elle lancé à deux reprises. Et de préciser : «Sa place est avec nous», estimant que Rémi Féraud peut davantage rassembler la gauche et les écologistes qu’Emmanuel Grégoire.

Le sénateur de Paris adoubé par la maire sortante a fait part de sa «volonté que toute la famille socialiste soit rassemblée», insistant sur le fait que derrière sa candidature se trouvent «l’équipe Paris» et une «détermination collective». Rémi Féraud a martelé devant la presse les trois axes de direction: «poursuivre dans l’écologie, la solidarité, la démocratie». Il a précisé que son action ne s’inscrirait «pas dans la continuité mais dans la fidélité» à ce qui a été fait par les socialistes pendant un quart de siècle.

Emmanuel Grégoire, pour sa part, a regretté mercredi sur RTL le choix du sénateur socialiste de se lancer dans la course, lui reprochant d’être «l’instrument d’une vengeance d’Anne Hidalgo»