Un peu plus d’un an après le passage des autoroutes Paris-Normandie (A13 et A14) «en flux libre», c’est-à-dire sans barrières de péage, quel premier bilan ? Pour la grande majorité des automobilistes, le nouveau système a été bien intégré, à en croire la Sanef, gestionnaires de ces autoroutes. En effet, 95% des 7 à 8 millions d’usagers annuels «ont parfaitement compris» et «pris le pli de payer» a posteriori, se targue la direction de la société. Les 5% restants représentent ainsi entre 350.000 et 400.000 automobilistes, qui n’ont pas payé dans les temps leurs péages. «C’est finalement peu face à un dispositif de cette ampleur», pointe Vincent Fanguet, directeur de l’exploitation et de l’expérience client chez la Sanef.
Celui-ci estime que «le virage a été parfaitement pris». «Nous avons changé une pratique qui existe depuis 60 ans, et tout se passe très bien», répète-t-il, vantant les mérites de ce nouveau système qui consiste à supprimer définitivement les barrières de péage. Chaque véhicule est dès lors «identifié soit par la lecture de sa plaque d’immatriculation, soit par un badge télépéage», explique la société d’autoroute. Et ce, grâce à des caméras, des capteurs et des antennes placés sur des portiques qui enjambent les voies de circulation. Sa catégorie (véhicule léger, poids lourd, moto…) est ensuite «déterminée par les différents équipements et le montant du péage correspondant au trajet réalisé lui est automatiquement attribué».
Passer la publicitéEn cas de non-paiement du péage en flux libre dans les 72 heures, les contrevenants s’exposent à un rappel à l’ordre, puis à une majoration en cas de non-réponse au rappel à l’ordre. Mais contrairement à ce qui a été relayé dernièrement par plusieurs médias, Vincent Fanguet tient en effet à préciser que, parmi les 5% d’automobilistes qui n’ont pas réglé leurs péages, tous ne sont pas des mauvais payeurs. Il affirme qu’il s’agit souvent d’«oublis» vite réparés. «Quand il y a un retard de paiement, et surtout si c’est la première fois, on envoie d’abord un courrier qui offre un délai supplémentaire nettement supérieur aux 72 heures initiales», assure le directeur d’exploitation.
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Plusieurs niveaux de majoration
Le premier niveau de majoration est de 10 euros, puis de 90 euros deux mois plus tard, et peut atteindre jusqu’à 375 euros après plusieurs mois de non-réponse, en même temps que la transmission du dossier à l’officier du ministère public. Avec le risque d’un prélèvement sur salaire ou d’une saisie sur compte bancaire. À ce sujet, la Sanef insiste sur un point : elle n’a «aucun intérêt» à ce que les amendes soient majorées, pour la simple et bonne raison qu’une fois ce stade atteint, ce n’est plus la société autoroutière mais bien l’État qui perçoit le fruit de ces contraventions.
Et la société autoroutière affirme ne pas lésiner sur les moyens pour bien informer les utilisateurs des autoroutes A14 et A13. «Sur la portion Paris-Caen qui compte 200 km, il n’y a pas moins de 200 panneaux réglementaires, sans compter les panneaux de signalisation transitoire sur le bord de la route et tous nos panneaux lumineux au-dessus de la route», énumère Vincent Fanguet.
C’est d’ailleurs pour cela que la Sanef encourage tous les automobilistes à s’abonner au télépéage ou, tout du moins, à se créer un compte sur le site dédié où ils pourront aisément payer leur péage en quelques clics. Ils peuvent aussi choisir l’option du prélèvement automatique. Une grande majorité des automobilistes - jusqu’à 75% en semaine et 50% le week-end - ont déjà adopté le télépéage. En outre, un service client dédié a été spécifiquement créé, évoquant des «consignes de bienveillance». Et de conclure : «Ça ne veut pas dire qu’on est naïf. Évidemment qu’il y a des gens qui jouent avec le système et ne veulent pas payer».